La spasticité est-elle un facteur prédictif de l’état nutritionnel des patients en état de conscience altérée ? - 16/03/19
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Résumé |
Discipline |
Clinique.
Introduction et but de l’étude |
La littérature scientifique concernant l’état nutritionnel des patients en état de conscience altérée (ECA) est à l’heure actuelle très pauvre. Le but de cette étude prospective observationnelle est d’investiguer la relation entre le profil nutritionnel de ces patients et leur état de conscience.
Matériel et méthodes |
Nous avons collecté et analysé les données cliniques (état de conscience, spasticité) et nutritionnelles (indice de masse corporelle (IMC), apports nutritionnels, biologie) de 80 patients en état d’éveil non répondant (ENR), en état de conscience minimale (ECM) ou en état de conscience minimale émergeant (EECM). Les patients ont été classés selon le résultat de l’analyse nutrtitionnelle : bien nourri, à risque de dénutrition et dénutri.
Résultats et analyse statistique |
De nos 80 patients (43±15 ans), 19 étaient en ENR (24 %), 47 en ECM (59 %) et 14 en EECM (17 %). Parmi eux, 7 (9 %) étaient à risque de dénutrition et les 73 autres (91 %) étaient bien nourris.
L’IMC de ces sujets n’est statistiquement pas lié à leur niveau d’ECA (p=0,09), au délai après l’accident (p=0,12) ou à l’étiologie de leur état neurologique (p=0,51).
Une différence entre l’apport énergétique réellement administré à ces patients et celui qu’ils devraient théoriquement recevoir sur base des recommandations (30kcal/kg de poids de calcul) est observée. Les sujets obèses (≥30kg/m2) recevaient 631±328kcal en moins/jour par rapport aux recommandations et ceux en surpoids (25–29,9kg/m2), 415±390kcal/j en moins également. En revanche, les patients avec un IMC faible (<18,5kg/m2) recevaient 106kcal±299kcal/j en plus.
La comparaison du niveau de spasticité en fonction de l’IMC révèle une corrélation significative (r=−0,30, p=0,009) et montre que les patients les moins spastiques au niveau des membres inférieurs sont plus à risque d’avoir un surpoids (IMC=27,7±7,5kg/m2). Au contraire, les plus spastiques à ce niveau sont plus à risque d’avoir un IMC plus faible (22,1±3,8kg/m2). Parmi les 9 sujets avec un IMC<18,5kg/m2, 7 présentent une spasticité sévère et 2 une spasticité modérée au niveau des membres inférieurs.
L’étude de la différence d’apport énergétique par rapport à la spasticité montre que les patients non spastiques recevaient 297±318kcal/j en moins par rapport aux recommandations, contre 222±430kcal/j pour une spasticité moyenne et 41±406kcal/j pour des niveaux de spasticité plus élevés.
Conclusion |
Nos résultats indiquent que la majorité des patients ECA ont un état nutritionnel satisfaisant. Cet état nutritionnel ne semble pas lié au niveau de conscience, au délai ou à la cause de leur accident. Les patients les moins spastiques présentent des critères de surpoids malgré un apport énergétique considérablement réduit par rapport aux recommandations nutritionnelles. En revanche, un niveau élevé de spasticité est associé à un sous poids (IMC<18,5kg/m2) en dépit d’un apport énergétique supérieur à l’objectif préconisé par ces recommandations. Des analyses complémentaires sont en cours (calorimétrie indirecte, impédancemétrie, étude de la spasticité et imagerie métabolique) afin de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents.
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Vol 33 - N° 1
P. 68-69 - mars 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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