Une nouvelle méthode pour étudier les déterminants gustatifs chez la souris : étude de l’impact d’une obésité nutritionnelle sur la perception du sucré - 16/03/19
Résumé |
Discipline |
Expérimental/mécanismes cellulaires et moléculaires.
Introduction et but de l’étude |
Des études récentes suggèrent l’existence d’un lien entre obésité, chute de la sensibilité gustative et consommation préférentielle d’aliments dense en énergie chez le rongeur et chez l’Homme. Cependant, les mécanismes à l’origine de cette association potentiellement délétère restent mal connus notamment en raison de la complexité des changements de perception gustative. En effet, l’influence du goût sur le choix alimentaire est étroitement liée aux composantes psychologiques du processus de récompense qui sont selon Berridge [1 ] la réponse hédonique déclenchée par l’aliment (« liking »), la motivation ou non de le consommer (« wanting ») et la mémorisation du plaisir ou du déplaisir ressenti (« learning »). Nous décrivons ici un nouveau concept de gustomètre, appelé FRM8 (brevet n° FR3 062 783), produisant des informations substantielles sur ces relations goût-récompense. Puisqu’une obésité nutritionnelle altère la perception gustative du sucré chez le rat [2 ], nous avons choisi comme preuve de concept d’analyser la perception gustative du sucré au moyen du FRM8 chez des souris rendues obèses par un régime riche en graisses saturées.
Matériel et méthodes |
Le FRM8 a une structure octogonale, les 8 faces de l’appareil équipées d’un biberon avec un système de détection (lickomètre) permettant de mesurer en temps réel le nombre de lapées données sur la tétine. Devant chaque biberon est placée une trappe guillotine permettant de réguler son accès. Un programme informatique enregistre en continu le nombre de lapées/biberon et contrôle le fonctionnement des trappes (ordre et durée d’ouverture). Après deux sessions d’entraînement avec 8 biberons d’eau pour habituer les souris au contexte expérimental, les animaux (témoins minces et obèses) ont été confrontés à une gamme de 7 concentrations de saccharose, le 8e biberon contenant de l’eau (solution témoin). Le design original du FRM8 exigeant le déplacement de la souris vers le biberon accessible au temps t, ce système permet une exploration simultanée du comportement de lapée (« liking ») et de la motivation à consommer (« wanting »).
Résultats et analyse statistique |
Comme escompté, l’obésité nutritionnelle s’accompagne d’un changement significatif de la perception du sucré qui se traduit par :
– une chute du nombre total de lapées/30min (358,15 vs 816,93 chez les contrôles, p<0,001) ;
– un seuil de réponse au saccharose augmenté indiquant une chute de la sensibilité gustative au sucré (0,32 vs 0,19M chez les contrôles, p<0,05) ;
– une diminution de la motivation à boire (2,54 vs 3,93 blocks1 chez les contrôles, p<0,001).
Ces données ont été systématiquement reproduites au cours de 3 études supplémentaires indépendantes.
Conclusion |
Ces résultats, originaux pour la souris, démontrent l’intérêt de notre dispositif pour l’étude du lien entre gustation et comportement alimentaire. Une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires responsables des défauts sensoriels identifiés pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pharmacologiques et/ou nutritionnelles permettant de corriger des comportements alimentaires à risques.
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Vol 33 - N° 1
P. 87 - mars 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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