L’administration des traitements chez des patients dysphagiques nécessite souvent une dénaturation de la forme galénique par broyage des comprimés ou ouverture des gélules. Ceci peut pourtant induire une inefficacité thérapeutique.

Nous avons proposé une approche pluridisciplinaire pour évaluer les difficultés de prises orales des traitements et adapter les formes administrées en créant pour chaque patient un plan pharmaceutique personnalisé.

Pendant 6 mois, chaque patient hospitalisé en neurologie a bénéficié d’une évaluation de la prise orale des traitements par une IDE. L’orthophoniste précisait le type de dysphagie et, si besoin, la diététicienne intervenait. Une proposition d’adaptation des galéniques étaient formulée par le pharmacien en fonction du risque d’inefficacité ou de toxicité. Au final, un plan pharmaceutique personnalisé était préconisé. En cas de gastrostomie, une éducation des aidants à l’administration correcte était réalisée.

Cent patients consécutifs ont bénéficié du dispositif (34 % maladie de Parkinson, 15 % SLA et 3 % AMS). Le nombre moyen de traitements per os était de 7,34 (±2,73). Pour 64 % des traitements, une adaptation des formes à administrer a pu être proposée : 46 % dénaturation de la forme, 54 % de switch (24 % orodispersible, 19 % suspension buvable, 7 % pour une autre molécule et 4 % pour une autre formulation de la même molécule).

L’adaptation des formes à administrer est indispensable en cas d’administration du traitement dans une sonde naso-gastrique ou une gastrostomie. La révision médicamenteuse permet également d’arrêter certains traitements (6 % dans notre étude). Enfin, aucune donnée n’était disponible sur la possibilité d’altérer la forme à administrer pour 7 % des traitements (bisoprolol ou miansérine par exemple).

L’adaptation des formes à administrer est essentielle dans la prise en charge des patients dysphagiques. L’intervention de différents acteurs permet de personnaliser, de sécuriser et faciliter l’administration des thérapeutiques.