L’histoire de la Psychiatrie, ses objectifs, les idées ou les moyens qui ont été mis en place par ceux qui se sont occupé de la santé mentale des populations ou de ceux qui l’ont perdue n’a pas cessé de changer au rythme des mutations successives, d’ordre technologique, philosophique ou sociétal. La démarche de la « psychiatrie » pour adapter la représentation sociale de la folie au langage et aux méthodes de la Médecine s’est toujours heurtée à des difficultés épistémologiques, parfois irréconciliables, entraînant des configurations successives des savoirs et des pratiques ou « paradigmes » dans le sens de Kuhn (de la folie à l’aliénation mentale, à la maladie mentale ou encore la notion de structures psychopathologiques) afin d’expliquer le signifiant et les causes de la « chose mentale ». Depuis les années 1980, on constate le domaine du modèle biomédical, technologique, dans lequel les phénomènes mentaux sont expliqués par des altérations de la biochimie cérébrale, mettant à l’écart les racines sociales et culturelles de la « folie » ou les considérant comme accessoires et sans importance. Depuis quelques années de domaine absolu, la Psychiatrie biologique ou bio-commerciale commence à montrer ses limites dans l’action et dans ces théories en même temps que les demandes sociales des prises en charge complexes n’ont pas cessé d’augmenter et que les collectifs d’usagers de la psychiatrie font valoir leurs droits légitimes, la situation est devenue une véritable « bombe à retardement » dans le cadre d’une nouvelle crise comparable à celle déclenchée par l’Antipsychiatrie pendant les « sixties ». En 2001, le BMJ a publié un article fondateur d’un nouveau départ pour notre discipline, intitulé « Postpsychiatry: a new direction for mental health » dont les auteurs signalaient que la société actuelle demande un type de psychiatrie différente ainsi qu’un nouveau « pacte » entre professionnels de la santé et les usagers. Le débat est à nouveau ouvert mais cette fois-ci il dépasse largement la confrontation Psychiatrie/Antipsychiatrie. La Post-Psychiatrie propose un changement de paradigme dans une approche post-moderne où la psychiatrie puisse laisser de côté ses « certitudes » préalables pour incorporer d’autres « discours », à la recherche d’une nouvelle épistémologie intégrative ; en somme, d’une psychiatrie de la diversité.

The history of Psychiatry, its objectives, the ideas or the means that were put in place by those who took care of the mental health of populations or those who have lost it has not stopped changing the rhythm of the successive mutations, technological, philosophical or societal. The approach of “psychiatry” to adapt the social representation of madness to the language and methods of medicine has always encountered epistemological difficulties sometimes irreconcilable resulting in successive configurations of knowledge and practices or “paradigms” in the sense from Kuhn (from insanity to mental alienation, mental illness or the notion of psychopathological structures) to explain the signifier and the causes of the “mental thing”. Since the 1980s, we have seen the domain of the biomedical and technological model, in which mental phenomena are explained by alterations in cerebral biochemistry, setting aside the social and cultural roots of “madness” or considering them as accessories and without importance. Since a few years of absolute domain, the Biological or Bio-commercial Psychiatry begins to show its limits in the action and in these theories at the same time as the social demands of the complex assumption have not ceased to increase and that the groups of users of psychiatry assert their legitimate rights, the situation has become a real “time bomb” in the context of a new crisis comparable to that triggered by Antipsychiatry during the “sixties”. In 2001, the BMJ published a founding article for a new beginning for our discipline, entitled “Postpsychiatry: a new direction for mental health” which the authors reported that today's society requires a different type of psychiatry and a new type of psychiatry “pact” between health professionals and users. The debate is open again but this time it goes well beyond the confrontation Psychiatry/Antipsychiatry. Post-Psychiatry proposes a paradigm shift in a post-modern approach in which psychiatry can leave aside its previous “certainties” to incorporate other “speeches” in search of a new integrative epistemology; in short, a psychiatry of diversity.