Rôle causal de la fatigue sur la détérioration de la qualité de vie pendant la chimiothérapie pour cancer du sein : application des modèles structuraux marginaux - 19/04/19
Résumé |
Contexte |
La fatigue est le symptôme le plus fréquent pouvant être associé à la détérioration de la qualité de vie (QDV) pendant la prise en charge post-chirurgicale du cancer du sein. Cependant, le caractère non expérimental des études pose la question de la causalité de cette relation. L’objectif de ce travail est d’analyser la relation causale entre la fatigue et le temps jusqu’à détérioration de la QDV pendant la prise en charge post-chirurgicale des femmes atteintes de cancer du sein.
Méthodes |
Au total, 412 femmes de la cohorte FATSEIN suivies pendant huit mois (M0, M2, M4, M6 et M8) ont été incluses dans l’analyse. A chaque temps, la fatigue a été mesurée par le questionnaire MFI-20 et la QDV par le QLQ-C30. Le critère de jugement est la détérioration de la QDV (cinq dimensions fonctionnelles et la QDV globale) définie par une perte de QDV≥10 points sur 100 par rapport au score à M0. Le caractère évolutif de la fatigue et le fait qu’elle puisse être influencée par des facteurs fixes (comme l’âge, l’éducation, le type de chirurgie) et des facteurs variant avec le temps (comme l’anxiété et l’activité physique) rendent l’utilisation d’un modèle de Cox classique non adaptée. Nous avons utilisé des modèles structuraux marginaux pour estimer l’effet de la fatigue sur la détérioration de la QDV en définissant deux groupes de femmes en fonction de leur score moyen de fatigue à tous les temps : « Femmes non fatiguées » (score MFI-20 moyen≤50 ou≥50 mais avec une réduction>10 % par rapport au score à l’inclusion) et les « femmes fatiguées » (score≥50 sans réduction significative). C’est une méthode de pondération qui annule l’effet des co-variables fixes et dépendantes du temps. Une analyse de sensibilité a été réalisée par le calcul de l’E-value qui est un indicateur de la force de l’association (plus il est élevé, plus forte est l’association).
Résultats |
Comparées aux « femmes non fatiguées », celles « fatiguées » avaient un risque de détérioration de la QDV plus important pour toutes les dimensions fonctionnelles : physique (OR ajusté=2,3 [IC95 % 1,4 ; 3,6] ; p=0,0004),rôle (2,0 [1,1 ; 3,6] ; p=0,02), sociale (3,6 [2,3 ; 5,7] ; p<0,0001), cognitive (1,8 [1,1 ; 3,0] ; p=0,01), émotionnelle (1,8 [1,1 ; 2,9] ; p=0,01) et générale (2,0 [1,3 ; 3,1] ; p=0,002). Cette différence semblait plus importante au début de la prise en charge. La différence de risque de détérioration de la QDV entre les deux groupes de femmes va de 14,0 % [5,6 % ; 22,3 %] à M2 à 6,1 % [2,5 % ; 9,6 %] à M8 pour la dimension globale. La force de cette association est confirmée par des E-value élevé (de 3,0 pour la dimension cognitive à 6,7 pour la dimension sociale).
Conclusion |
La fatigue a été identifiée comme un facteur causal majeur de la détérioration de la QDV post-chirurgie. Sa prise en charge adaptée, notamment dans les premières semaines, serait un moyen efficace de limiter cette détérioration de la QDV.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Cancer du sein, Qualité de vie, Fatigue liée au cancer, Causalité
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Vol 67 - N° S3
P. S125-S126 - mai 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.