Utilisation de l’imagerie 2D-strain du myocarde pour la détection précoce de la cardiotoxicité induite par la radiothérapie chez les patientes atteintes d’un cancer du sein (étude BACCARAT) - 19/04/19
Résumé |
Introduction |
La radiothérapie (RT) est une composante majeure du traitement du cancer du sein. Cependant, la RT du sein est associée à une toxicité cardiaque à long terme pouvant provoquer l’apparition de pathologies cardiovasculaires 10 à 15 ans post-RT. La détection des premiers indices du développement d’une ou plusieurs modifications cardiovasculaire pourrait être d’une utilité majeure dans la prise en charge des patientes.
Méthodes |
BACCARAT est une étude de cohorte monocentrique et prospective de patientes atteintes d’un cancer du sein unilatéral et traitées par RT (3D-CRT) entre 2015 et fin 2017, sans chimiothérapie. Un suivi de deux ans était réalisé par le biais d’examens répétés (prélèvements sanguins, imagerie médicale et dosimétrie). Avant RT, une coronarographie par tomodensitométrie (CCTA) était réalisée. La fusion des images de planification de la RT (CT) et de CCTA a permis de délimiter les artères coronaires. En utilisant la matrice de doses générée pendant la RT, les distributions des doses ont été obtenues pour les structures suivantes : le cœur, le ventricule gauche, le tronc commun et les trois artères coronaires : l’interventriculaire antérieure, l’artère coronaire droite et l’artère circonflexe. Une analyse descriptive des doses en gray (Gy) a été réalisée. Toutes les patientes ont reçues une échographie cardiaque à l’inclusion et six mois post-RT afin de suivre les éventuelles dysfonctions myocardiques infracliniques (échographie 2D-strain).
Résultats |
Les données issues de la dosimétrie et des échographies ont permis de générer des résultats pour 89 patientes : 17 patientes atteintes d’un cancer du sein droit et 72 atteintes d’un cancer du sein gauche. La moyenne d’âge était de 59,7 ans pour les seins droits et de 57,8 ans pour les seins gauches, sans différence statistique significative. Les patientes ne présentaient pas de pathologies cardiovasculaires. Le traitement par faisceau tangentiel était soit de 50Gy délivré en 25 fractions de 2Gy ou de 47Gy en 20 fractions de 2,35Gy. Le volume d’irradiation majoritaire était le sein avec 86 patientes pour 3 patientes où la paroi était irradiée. Concernant les doses moyennes absorbées par le cœur et ses sous structures, la dose au cœur était de 0,61Gy pour les seins droits et de 3,03Gy pour les seins gauches. L’artère la plus exposée du côté droit était l’artère coronaire droite (1,46Gy), tandis que l’interventriculaire antérieure était la plus exposée à gauche (16,56Gy). Concernant les valeurs de la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG), du strain longitudinal et du strain rate longitudinal, tous les résultats étaient non significatifs pour les seins droits en comparant V0 et V6. Pour les seins gauches, une diminution du strain longitudinal global était observée 6 mois après RT pour les patientes ayant reçu une dose supérieure à 3Gy (−14,3 %±4,3 % à 6 mois post-RT, contre−16,3 %±2,8 % avant RT, pourcentage de changement de 12,3 %, p=0,006)
Conclusion |
Ces résultats préliminaires démontrent une réduction statistiquement significative du strain longitudinal chez les patientes atteintes d’un cancer du sein gauche 6 mois post- RT. Des analyses plus approfondies pourraient, avec la mise en relation des données de dosimétrie cardiaque, illustrer le fait que l’échographie 2D-strain pourrait jouer un rôle important dans le dépistage et l’identification des patientes présentant un risque de développer des complications cardiaques à la suite d’une RT du sein.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Radiothérapie, Cancer du sein, Cardiotoxicité, Imagerie 2D-strain, échographie
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Vol 67 - N° S3
P. S155-S156 - mai 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.