Maltraitance à enfant par brûlure : intérêt d’un algorithme PMSI de détection - 19/04/19
Résumé |
Introduction |
La maltraitance à enfant est définie par des actes de commission (violences physiques, sexuelles, psychologiques) ou d’omission (négligence physique, émotionnelle, médicale, éducative, surveillance inadéquate, exposition à la violence, regroupées sous le terme de « négligence lourde »). Parmi les lésions non accidentelles pédiatriques, dues à une maltraitance, les brûlures sont responsables d’une morbi-mortalité importante. L’objectif principal était d’élaborer un algorithme PMSI de détection des brûlures non accidentelles pédiatriques, l’objectif secondaire était de décrire les cas de maltraitance clinique sans suite lors de l’hospitalisation.
Méthodes |
Les séjours MCO d’enfants de 0 à 16 ans hospitalisés au CHU de Tours (hôpital Clocheville, accueillant les enfants de 0 à 15 ans et 3 mois) entre 2012 et 2017, avec code de brûlure ont été analysés. Les cas PMSI « probables » ou « possibles » de brûlures non accidentelles étaient définis selon la présence de certains codes diagnostiques CIM-10 et actes CCAM-v52 durant le séjour index ou dans l’année précédente. La validation a été effectuée par retour aux dossiers cliniques de tous les cas PMSI ainsi que de non-cas PMSI appariés selon un ratio 1 :2 sur sexe et classe d’âge. Les paramètres de performance ont été estimés pour trois définitions cliniques de maltraitance de périmètre croissant : excluant la négligence lourde, incluant la négligence lourde avec définition restrictive ou large. Pour les cas cliniques, la notion de signalement judiciaire ou information préoccupante était recherchée.
Résultats |
Au total, 253 enfants ont été inclus, dont 236 avec information clinique suffisante : 83 cas « probables », aucun « possible » et 153 non-cas. La sensibilité de l’algorithme variait de 48 % (IC95 % [36 ;60]) à 90 % [55 ;100], et la spécificité de 70 % [63 ;77] à 68 % [61 ;74]. Les likelihood ratios positifs variaient de 1,6 [1,2 ;2,3] à 2,8 [2,1 ;3,7], les négatifs de 0,7 [0,6 ;0,9] à 0,1 [0,0 ;0,9]. Le taux de cas cliniques non signalés ni n’ayant fait l’objet d’une information préoccupante sans motif renseigné variait de 0 (définition excluant la négligence) à plus de 85 % (définition avec négligence lourde la plus large), tous ces cas relevant de possibles « négligences lourdes » isolées.
Conclusion |
Les performances de l’algorithme présentaient des variations non négligeables, en particulier de sensibilité, selon que la définition de maltraitance infantile intégrait ou non la négligence lourde, difficile à caractériser cliniquement. En effet, en pratique cette définition large laisse une place importante à l’appréciation subjective du praticien évaluant l’enfant. Cette part de subjectivité pour la négligence expliquerait également l’absence de suites judiciaires ou administratives pour plus des trois quarts des enfants victimes dans la définition la plus large. L’application de l’algorithme au sein d’autres centres hospitaliers permettrait d’augmenter la puissance des Résultats et de discuter l’existence d’un « effet centre » pour le codage. Des formations à destination des professionnels de santé, la diffusion d’outils de détection et des études qualitatives sur les freins au signalement devront également compléter ce travail.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots-clés : Maltraitance à enfant, Brûlure, Dépistage, algorithme PMSI, Signalement judiciaire
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Vol 67 - N° S3
P. S164-S165 - mai 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.