Analyse par score de propension de l’efficacité d’un boost de radiothérapie chez les patients présentant une lésion hypoxique identifiée par TEP/TDM dans le cadre d’un cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules (essai pilote RTEP5) - 19/04/19
Résumé |
Introduction |
La radiochimiothérapie est le traitement de référence du cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules localement avancé non résécable, avec néanmoins des Résultats en termes de survie insatisfaisants, en partie dus à une résistance aux radiations des tissus hypoxiques. Nous avons émis l’hypothèse qu’une augmentation de dose (boost) pouvait lever cette résistance. Une première étape fut donc de réaliser une étude pilote pour évaluer la possibilité de détecter des tumeurs hypoxiques au 18F–MISO puis de leur administrer un boost de radiothérapie sans induire de toxicité inacceptable.
Méthodes |
L’essai clinique RTEP5 (Clinicaltrial NCT01576796) ouvert, non randomisé, multicentrique, a été réalisé entre 2012 et 2018, incluant un suivi à trois ans dans 15 centres en France. La tumeur a été diagnostiquée hypoxique lorsqu’une fixation au Fluoromisonidazole (18F–MISO) était révélée à la tomographie par émission de positrons (TEP)/tomodensitométrie (TDM). Celles (dites 18F–MISO positives) non proches d’un organe à risque ont reçu un boost de radiothérapie (70–86Gy) ; les autres ont été traitées par le schéma standard (66Gy). Nous avons réalisé une analyse par score de propension pour évaluer l’efficacité du boost, en termes de survies globale (SG) et sans progression (SSP), dans cette étude pilote pour laquelle une randomisation n’a pas été planifiée.
Résultats |
Soixante-dix-neuf patients ont été présélectionnés et 54 inclus, dont 34 ayant une tumeur 18F-MISO positive parmi lesquels 24 ont reçu un boost de radiothérapie allant jusqu’à 86Gy. Les taux de SG et SSP à 1, 2 et 3 ans étaient, respectivement, de 87 %, 58,2 %, et 48,5 %, avec un temps de survie médian de 27,7 mois. Concernant la SSP, les taux à 1, 2 et 3 ans étaient de 59,3 %, 36,4 %, et 28,8 %, avec un temps de survie médian de 14,5 mois. Les tumeurs hypoxiques étaient de diamètre significativement plus grand que celles non hypoxiques (57,6 versus 29,8mm, p<0,001), incluant celles ayant reçu un boost, avec un diamètre de 61mm en moyenne. La méthode d’ajustement par pondération inverse du score de propension a donc été appliquée en prenant en compte la taille de la tumeur, mais aussi l’âge, le stade et l’histologie, afin de rétablir un équilibre entre les groupes. Le temps de SG médian chez les patients à tumeur hypoxique était de 25,8 mois et non atteint chez les autres (p=0,01) ; une différence de SSP était également observée entre ces deux groupes (12 versus 26,2 mois, p=0,048). Dans le sous-groupe des patients à tumeur hypoxique, l’administration d’un boost n’a pas montré d’amélioration significative de survie (p=0,30). Cependant, la médiane de SG semblait être en faveur des patients boostés (26,5 versus 15,3 mois). Par ailleurs, le boost de radiothérapie n’a pas causé de toxicité importante précoce ni tardive.
Conclusion |
Dans un contexte d’étude pilote où plusieurs questions sont posées, il n’est pas toujours simple de prévoir une méthodologie permettant d’y répondre selon une puissance statistique forte et sans biais. Cette étude montre la possibilité d’administrer un boost de radiothérapie à des tumeurs hypoxiques sans compromettre la sécurité du patient. Le score de propension nous a permis de pallier aux déséquilibres dans les caractéristiques des échantillons afin d’apporter un premier élément de réponse encourageant mais non décisionnel sur l’efficacité du boost. Cette efficacité est à confirmer dans le cadre d’une étude randomisée à plus large échelle.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots-clés : Score de propension, Cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules, Hypoxie, Fluoromisonidazole
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Vol 67 - N° S3
P. S166-S167 - mai 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.