L’image, angle mort des politiques de santé - 25/04/19
The image, the blind spot of health policies
pages | 10 |
Iconographies | 0 |
Vidéos | 0 |
Autres | 0 |
Résumé |
Contexte |
L’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) est de plus en plus corrélée à des problèmes sanitaires. Les politiques de santé restent peu intéressées, pour le moment, par cette relation, notamment en ce qui concerne les adultes. Le flux croissant et invasif d’images via les écrans est décrit par l’auteur comme une iconodictature induisant des hyperstimulations permanentes, perverses et infra-traumatiques; cela semble déborder les capacités contenantes et pare-excitantes de la psyché tout en produisant une souffrance qui passe souvent sous les radars des repérages sanitaires, en raison d’une nouvelle norme sociale, co-construite de manière inédite par l’hybridation de l’humain et des machines (l’intelligence artificielle).
Objectifs |
Focalisé sur le concept d’image comme principal médium d’intervention sur les représentations voire sur les non-représentations, ce travail souhaite revisiter et articuler, dans une perspective transdisciplinaire, une série de théories permettant de décrypter les mécanismes et les effets de l’image digitale sur les individus, en défendant l’hypothèse selon laquelle le sujet digital est exposé, dans l’écosystème numérique actuel, à des conséquences psychopathologiques exigeant des politiques de santé adaptées.
Méthode |
En suivant une démarche qualitative, l’auteur fait appel, dans son décryptage, à des concepts théoriques provenant de divers domaines: psychanalyse (pulsion scopique, enveloppe visuelle du moi, traumatisme, passage à l’acte, perversion), épidémiologie (dépression, anxiété, risque de suicide lié à l’utilisation du smartphone et d’Internet), visual studies (postimage), neurosciences (vision, lecture digitale, attention). Les concepts étudiés sont articulés à l’inconscient du sujet digital.
Résultats |
Les perspectives théoriques étudiées tendent à confirmer l’hypothèse concernant les effets dommageables de l’hyperstimulation digitale via l’image. Twenge, 2017 notamment, souligne le tsunami de troubles psychiatriques entrainé par l’usage du smartphone dans la population adolescente. L’on constate également la prééminence du visuel sur les autres modalités sensorielles, la baisse des capacités attentionnelles et des activités de lecture activant les capacités cognitives critiques, la tendance à l’hybridation sujet-objet, les effets du deep learning sur la notion de représentation, les effets des algorithmes sur la subjectivité, le fondement visuel de l’inconscient, les potentielles perturbations du pare-excitant et des écrans psychiques par les écrans digitaux en raison de l’excès de stimuli, la mise en place de comportements addictifs, etc.
Conclusions |
Le moi ubiquitaire semble à risque de désubjectivation et les compulsions de répétition activées mettent sur la piste d’infra-traumatismes qui ne sont pas repérés comme tels par les autorités sanitaires. La représentation étant devenue programmable via les incessantes interactions avec les TIC, nous devons poser également la question de la construction d’un inconscient techno-social et de ses effets sur l’équilibre des sociétés. L’image semble ainsi responsable d’un parasitage permanent des fondements individuels qui risque de produire des mutations du sujet qui ne peuvent pas être appréhendées uniquement selon les visions psychanalytiques traditionnelles. La mise en place de politiques de santé focalisées précisément sur l’usage d’images est entravée par divers facteurs. Des programmes de recherche transdisciplinaire, des campagnes d’information et des actions éducatives sont proposées comme des réponses concrètes face au tsunami digital.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Context |
The use of information and communication technologies (ICT) seems to be correlated with health problems. Health policies continue to ignore this relationship, particularly with regards to adults. The increasing and invasive flow of images through screens is described by the author as an iconodictatorship leading to permanent, perverse, and sub-traumatic hyperstimulations. This seems to overload the psyche's containing and protective capacities while making the subject suffer in a way that is often undetected by public-health markers. All of this is linked to a new social norm, built in an unprecedented way by the hybridization of humans and machines (artificial intelligence).
Objective |
Focused on the concept of the image as the primary medium of intervention on representations, or even non-representations, this work aims to revisit and articulate a series of theories from a transdisciplinary perspective. These theories can, in turn, help decipher the mechanisms and effects of the digital image on individuals, defending the hypothesis that the digital subject is exposed, in the current digital ecosystem, to psychopathological consequences which require adapted health policies.
Method |
Using a qualitative approach, the author calls upon theoretical concepts from various fields: psychoanalysis (scopic drive, visual envelope of the ego, trauma, acting out, and perversion), epidemiology (depression, anxiety, and risk of suicide linked to smartphone and Internet use), visual studies (postimage), neuroscience (vision, digital reading, and attention). The concepts studied are articulated with the unconscious of the digital subject.
Results |
The theoretical perspectives studied here tend to confirm the hypothesis concerning the damaging effects of digital hyperstimulation via images. Twenge, 2017 , in particular, underscores the tsunami of psychiatric disorders caused by the use of smartphones among the adolescent population. The work emphasizes several key issues including: the pre-eminence of vision on other sensory modalities; the decrease in attentional abilities and in reading activities that call upon critical cognitive capacities; the tendency towards subject-object hybridization; the effects of deep learning on the notion of representation; algorithms’ effects on subjectivity; the visual foundation of the unconscious; the potential disturbances of the protective shield and of the psychic screens by an excessive stimulation produced by digital screens; and the development of addictive behaviors.
Conclusions |
The ubiquitous ego seems at risk of desubjectivation; and the activated repetition compulsions suggest that infra-traumas, which are not identified as such by health authorities, are at work. Since representations have become programmable through incessant interactions with ICT, we must also address the construction of a techno-social unconscious and its effects on the balance of societies. Images thus seem responsible for a permanent parasitism of the individual's foundations and risk generating mutations in the subject that cannot be apprehended solely according to the traditional psychoanalytic perspective. The introduction of health policies focused specifically on the use of images is impeded by various factors. Transdisciplinary research programs, information campaigns, and educational actions are proposed as concrete responses to the digital tsunami.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Image, Sujet digital, Inconscient techno-social, Psychanalyse, Moi ubiquitaire
Keywords : Image, Digital subject, Techno-social unconscious, Psychoanalysis, Ubiquitous ego
Plan
Vol 3 - N° 1
P. 62-71 - avril 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’achat d’article à l’unité est indisponible à l’heure actuelle.
Déjà abonné à cette revue ?