Formes graves d’infections à entérovirus A71 et D68 chez l’adulte - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
Les infections à entérovirus (EV) sont décrites comme des maladies infantiles, bénignes et non spécifiques d’un type d’EV. Certaines s’accompagnent pourtant de complications sévères voire fatales selon l’âge, l’état immunitaire mais aussi le type d’EV. Lors des épidémies dues à deux types émergents, l’EV-A71 et l’EV-68, des atteintes sévères neurologiques et/ou respiratoires ont été décrites principalement chez l’enfant. Elles existent aussi chez les adultes (>16 ans) mais leur fréquence et leurs caractéristiques cliniques méritent d’être mieux connues.
Matériels et méthodes |
La surveillance des infections à EV repose sur un réseau de laboratoires hospitaliers coordonné par le CNR des EV sous l’égide de Santé Publique France. Chaque laboratoire rapporte prospectivement les données démographiques, cliniques et virologiques des infections à EV. Une analyse rétrospective des données collectées entre 2016 et 2018 (données provisoires au 09/02/2019) a été réalisée.
Résultats |
Entre 2016 et 2018, 1992 infections (≈20 %) à EV ont été rapportées chez des adultes âgés de 17 à 89 ans. Sur les 193 infections à EV-A71 rapportées, 8 (4,1 %) sont survenues chez des adultes dont 5 (62,5 %) ont présenté une atteinte neurologique sévère. Ces patients étaient âgés de 30 à 69 ans (ratio H/F : 0,25) ; 2 patients étaient sous rituximab et une patiente était enceinte. Tous ont présenté un tableau d’encéphalite sans éruption associée sauf pour une patiente ayant présenté une éruption vésiculeuse les jours précédents. Aucun décès n’est survenu. Une amélioration progressive a été notée pour les deux patients dont le suivi était connu. Pour 4 patients, l’EV a été détecté dans le liquide cérébrospinal ; les infections étaient associées au nouveau variant d’EV-A71 sous-génotype C1. Pour l’EV-D68, 278 infections ont été rapportées ; 56 (20,1 %) chez des adultes âgés de 18 à 80 ans avec une proportion plus importante en 2018 (34/75, 45 %) qu’en 2016–2017 (23/203, 11,3 %). Dix-huit patients (32 %) âgés de 28 à 79 ans (ratio H/F : 1,2) ont été admis en réanimation pour des complications respiratoires. Un patient a présenté un déficit moteur. Pour 9 patients, des co-morbidités favorisant les infections sévères à EV-D68 étaient connues (immunodépression, n=5 ; cancer, n=2 : pathologie respiratoire chronique, n=2).
Conclusion |
Les infections sévères à EV-A71 et à EV-D68 ne sont pas rares chez l’adulte chez qui elles représentent la majorité des infections sévères, tout type d’EV confondu. En pratique, la recherche des EV devant tout signe d’encéphalite est désormais bien établie, mais leur recherche devrait faire systématiquement partie du bilan étiologique d’une atteinte respiratoire a fortiori sévère. Les alertes régulières portant sur la circulation de l’EV-A71 depuis 2016 et de l’EV-D68 depuis 2014 au niveau européen et en France et l’émergence régulière de nouveaux types d’EV justifient cette surveillance plus étroite, chez l’adulte comme l’enfant.
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Vol 49 - N° 4S
P. S10 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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