En Guyane, la Fièvre Q (FQ) est la cause de 24 à 38 % des pneumopathies aiguës communautaires (PAC) hospitalisées et la fièvre Q se présente dans plus de 90 % des cas sous forme de pneumopathie. Ainsi toute pneumopathie est d’emblée traitée par doxycycline en plus de l’antibiothérapie antipneumococcique habituellement recommandée. Les médecins généralistes (MG) étant en première ligne dans la prise en charge de la FQ, comme des PAC. L’objectif de cette étude était d’évaluer les connaissances et pratiques des MG de Guyane sur ce sujet.

Un questionnaire a été distribué aux MG de Guyane entre février et juillet 2017. Les MG ont été identifiés via le conseil départemental de l’Ordre des médecins et les pages jaunes. Ont été exclus de l’étude les MG exerçant en milieu hospitalier.

Parmi les 113 MG de Guyane identifiés sur la période d’étude, 54 (47,8 %) ont répondu au questionnaire. Devant une PAC ; 59,2 % (32/54) prescrivaient une radiographie de thorax, 64,8 % (35/54) prescrivaient de l’amoxicilline chez un sujet jeune sans antécédent particulier, et 77,8 % (41/54) de l’amoxicilline+acide clavulanique chez un sujet âgé souffrant d’insuffisance cardiaque congestive. Les MG<40 ans étaient significativement plus à jour du traitement de la PAC du sujet jeune (p=0,014) et du sujet âgé (p=0,04). Pour la FQ, 37 % affirmaient en voir au moins 1/mois et 26 % >1 tous les 6 mois. Seuls 26 % d’entre eux savaient que Coxiella burnetii est la 1^ère cause documentée de PAC en Guyane. Si 96 % savaient que la sérologie est l’examen de référence, 46 % pensaient qu’il fallait la réaliser entre J6 et J14 et 19 % entre J15 et J21. Seuls 22 % d’entre eux associaient la doxycycline au traitement antipneumococcique pour le traitement d’une PAC. Les facteurs associés à la prescription par les médecins de doxycycline étaient le fait d’exercer sur l’île de Cayenne et d’avoir moins de 40 ans. 59,3 % (32/54) des médecins généralistes de notre étude se sentaient mal informés sur la FQ et 98,1 % (53/54) seraient intéressés par des formations.

Les connaissances et pratiques des MG de Guyane n’étaient généralement pas en concordance avec les dernières recommandations sur la prise en charge des PAC, résultat déjà rapporté dans la littérature. La FQ était insuffisamment connue des MG malgré son incidence en Guyane, ce qui témoigne d’un défaut de partage des connaissances entre hôpital et ville malgré les nombreuses publications des équipes locales sur le sujet. Des actions de formations permettraient de sensibiliser les médecins de ville pour une meilleure prise en charge des PAC et de la FQ.