Parcours migratoire des demandeurs d’asile vers la France - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
Les demandeurs d’asile présentent des problèmes de santé somatiques et psychiques à leur arrivée en France. Les traumatismes subis pendant le parcours migratoire sont souvent mis en cause. L’objectif était de décrire les différents parcours migratoires, et l’incidence des violences.
Matériels et méthodes |
Nous avons mené une étude prospective, observationnelle, monocentrique au Pôle santé d’un centre d’accueil pour hommes demandeurs d’asile en France. Tous les patients consentants ayant consulté un soignant du Pôle santé du 08/01 au 31/03/2018 étaient inclus. Nous avons collecté leur âge, les éléments de leur parcours migratoire dont l’exposition à des violences, et leur condition psychique à l’arrivée.
Résultats |
Nous avons inclus 728 hommes dont l’âge médian était de 26 ans [EIQ 23–30]. Ils venaient surtout d’Asie centrale ou du Moyen-Orient (65 % ; n=464/710), d’Afrique subsaharienne (32 % ; n=227/710) et du Maghreb (2 % ; n=16/710). Les raisons de la migration étaient principalement la guerre (63 % ; n=256/406) et l’opposition politique (28 % ; n=114/406). Nous avons identifié 3 voies de migration indépendantes : via la Libye (29 % ; n=171/589), le Maroc (5 % ; n=28/589) et la Turquie (55 % ; n=324/589). La durée médiane du trajet était de 25 mois [EIQ 10–37] avec 5 [EIQ 3–7] pays traversés. Parmi les patients ayant consulté au Pôle santé, 14 % (n=100/724) ont spécifiquement consulté pour des symptômes liés à l’anxiété ou la dépression et 11 % (n=83/724) ont été considérés comme atteints d’un trouble de santé mentale. Les soignants ont souvent eu du mal à aborder les violences. Parmi les patients auxquels la question a été posée, 70 % (n=311/447) ont déclaré avoir subi au moins une violence au cours de leur parcours. Quand la nature de la violence a été précisée, elle était d’ordre : physique (66 % ; n=275/418), psychologique (63 % ; n=250/399), sexuelle (3 % ; n=9/275), liée à un emprisonnement (45 % ; n=162/359) ou liée à un vol (26 % ; n=75/442). Les patients originaires d’Afrique subsaharienne ou du Maghreb ont rapporté plus de violences que ceux du Moyen-Orient ou d’Asie centrale (87 % ; n=150/173 vs 59 % ; n=154/263). Le passage par la Libye était associé à une proportion de violences plus importante (90 % ; n=119/132) que le passage par la Turquie (60 % ; n=127/212) ou le Maroc (75 % ; n=13/17). Les violences ont principalement été perpétrées en Libye, Iran, Iraq, Afghanistan, au Soudan et en Bulgarie.
Conclusion |
Une large proportion des demandeurs d’asile - en particulier originaires d’Afrique subsaharienne - est victime de violences au cours du parcours migratoire. Un dépistage systématique des violences, associé à une évaluation de la santé mentale, devrait être mis en place à l’arrivée.
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Vol 49 - N° 4S
P. S125 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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