Les femmes enceintes présentent un risque plus élevé de grippe grave que les femmes du même âge non-enceintes. La vaccination antigrippale leur est recommandée en France depuis 2012. Cependant, la couverture vaccinale dans cette population est estimée à moins de 10 %. Les sages-femmes (SF), actrices importantes de prévention vis-à-vis des femmes enceintes, ont, depuis 2016, la possibilité de prescrire et administrer un certain nombre de vaccins donc celui de la grippe à leurs patientes. L’objectif de ce travail était d’évaluer les connaissances des SF sur la grippe pendant la grossesse, le vaccin, les recommandations vaccinales et d’évaluer leur pratique en termes de proposition, prescription et administration du vaccin ainsi que leur couverture vaccinale (CV) contre la grippe.

Étude transversale proposée aux SF réalisant des consultations de suivi de grossesse dans une des douze maternités (publiques ou privées à but non lucratif) et/ou en activité libérale et/ou dans un centre de protection maternelle et infantile d’une ville française. Questionnaire en ligne distribué par mail entre le 1^er octobre 2017 et le 31 décembre 2017 contenant 25 questions sur les connaissances sur la grippe pendant la grossesse, le vaccin, les recommandations vaccinales et les pratiques en termes de proposition, prescription et administration du vaccin ainsi que leur CV contre la grippe pour la saison 2016/2017.

Le taux de réponse était de 31 % (208/669). L’âge médian de 34 ans et l’expérience professionnelle médiane de 10 ans. La majorité (66 %) travaillait dans une maternité. Plus de 90 % des répondantes connaissaient les risques pour la mère et le fœtus d’une grippe pendant la grossesse et les recommandations vaccinales. Environ 75 % pensaient que le vaccin était efficace et sûr. Moins de la moitié savait que le vaccin pouvait également protéger le nourrisson. Environ 25 % pensaient que le vaccin est un vaccin vivant et 50 % qu’il contient un adjuvant. Un tiers des SF estimaient leurs connaissances sur la vaccination antigrippale et la vaccination en général insuffisante. Près de 20 % des SF ne parlent jamais de la grippe ni du vaccin à leurs patientes principalement par oubli ou manque de temps. Seuls 11 % prescrivent systématiquement le vaccin. La CV des SF était de 39 %. Les principales raisons de non-vaccination étaient le fait de ne pas se sentir concernée par la grippe, la peur des effets indésirables du vaccin et les doutes sur son efficacité. Le niveau de connaissance sur la vaccination était corrélé à la vaccination. Les SF vaccinées proposaient plus fréquemment le vaccin à leurs patientes que les non vaccinées.

Bien que la recommandation de vaccination antigrippale et leur habilité à prescrire et vacciner soient connues, les SF utilisent encore peu leurs nouvelles compétences. Les stratégies d’information et de formation des SF devraient être améliorées pour augmenter la CV des SF et de leurs patientes.