Les patients vivant avec le VIH (PVVIH) constituent une population à risque d’infection invasive à pneumocoque (IIP). Il est donc recommandé de vacciner ces PVVIH contre le pneumocoque. En 2015, nous avions constaté dans notre cohorte une couverture vaccinale anti-pneumococcique (CVAP) basse lors d’une enquête qui avait pour objectif de mesurer la CVAP et de la mettre à jour le cas échéant. Nous avons voulu mesurer l’évolution cette CVAP entre 2015 et 2018 dans notre cohorte de PVVIH.

Étude observationnelle avec comparaison de la CVAP des PVVIH suivis dans notre CHU entre fin 2015 (date de l’enquête) et fin 2018. Les données de CV ont été obtenues via la base de données informatisée Nadis^© où les vaccins sont renseignés par les médecins du service. Le schéma vaccinal était considéré comme complet et à jour si le patient avait eu (i) une injection de vaccin conjugué anti-pneumococcique13 valent (PCV13) suivie d’une injection de vaccin polysaccharidique 23 valent (PPV23) et que la date de la dernière injection de PPV23 datait de moins de 5 ans ou (ii) si le patient avait reçu une injection de PCV13 et était en attente de son injection de PPV23.

Quatre cent quarante-deux PVVIH étaient communs aux études de 2015 et de 2018. Parmi ces patients, la CVAP (vaccination complète) est passée de 13,8 % (61/442) en 2015 à 27,2 % (120/442), p<0,005. Ainsi, 42 patients non vaccinés en 2015 ont reçu un schéma complet et 13 schémas incomplets en 2015 ont été complétés. En comparaison avec 2015 où les données avaient été recueillies pour 561 PVVIH avec une CVAP complète de 20 % (112/561), en 2018, sur une cohorte de 730 PVVIH, on observait une CVAP de 26,8 % (196 patients) (p<0,005). En 2018, les patients non vaccinés contre le pneumocoque avaient significativement plus souvent un taux de lymphocytes CD4+>500/mm³ (411/487 soit 84,4 %) par rapport aux patients non vaccinés en 2015 (300/399 soit 75,2 %), p<0,005. Les patients ayant une autre comorbidité à risque d’IIP représentaient respectivement 48,2 % (54/112) et 53 % (101/196) des patients correctement vaccinés en 2015 et 2018, sans différence significative.

Le constat d’une CVAP basse a permis de sensibiliser l’équipe médicale et d’être plus systématique dans la vérification et la mise à jour vaccinale anti-pneumococcique. Ceci a permis une réelle progression de la CV qui reste malgré tout perfectible. On constate une part plus importante de patients ayant un taux de CD4>500mm³ parmi les non vaccinés en 2018. Ceci pourrait être dû aux données récentes montrant que ce type de PVVIH n’est pas à risque augmenté d’IIP mais cela reste à explorer. Des efforts doivent être maintenus notamment pour les patients ayant une autre comorbidité à risque d’IIP ou immunodéprimés.