Ostéonécrose de la mâchoire induite par le dénosumab : une infection ostéoarticulaire complexe émergente ? - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
L’ostéonécrose de la mâchoire (ONM) est une complication bien connue des traitements anti-résorptifs, tels que les biphosphonates. Plus récemment, le dénosumab a été validé dans le traitement de l’ostéoporose et des métastases osseuses. Son mécanisme d’action diffère de celui des biphosphonates mais entraîne aussi la diminution de la résorption osseuse et engendre un risque d’ONM. En cas d’échec de prise en charge initiale par le chirurgien-dentiste ou dans les cas complexes, les patients peuvent être adressés en centre de référence des infections ostéo-articulaires complexes (CRIOAc). L’objectif de cette étude est d’analyser la microbiologie et la prise en charge médico-chirurgicale des patients présentant une ONM induite par le dénosumab pris en charge dans un CRIOAc.
Matériels et méthodes |
Tous les patients pris en charge dans notre CRIOAc entre janvier 2013 et décembre 2018 pour une ONM induite par le dénosumab ont été inclus dans une cohorte rétrospective observationnelle monocentrique.
Résultats |
Treize patients (âge médian 71 ans ; ratio H/F 0,62) présentant une ONM induite par le dénosumab (contexte de cancer métastatique, n=10 (77 %)) de grade 3 (n=5), 2 (n=4), 1 (n=3) ou 0 (n=1) ont été inclus. Seuls 4 patients (31 %) ont bénéficié d’une remise en état bucco-dentaire préalable au traitement par dénosumab et 8 patients (62 %) ont eu un geste chirurgical endo-buccal précédant l’ostéonécrose. Onze patients avaient une exposition osseuse (dont 5 expositions multiples), bénéficiant au minium d’un curetage chirurgical avec fermeture muqueuse dans le même temps. Toutes les infections documentées (n=12 (92 %)) étaient polymicrobiennes, incluant 9 (75 %) à Streptococcus spp, 9 (75 %) à anaérobies dont 3 (25 %) à Actinomyces, 6 (50 %) à Staphylococcus spp, 5 (42 %) à entérobactéries, 4 (33 %) à Candida spp, 2 (17 %) à BGN non fermentant et 7 (58 %) à d’autres bactéries. L’antibiothérapie couvrait systématiquement l’Actinomyces excepté pour 1 patient. Tous les patients (n=13) ont reçu une bêtalactamine, 9 (69 %) une lincosamide ou synergistine, 6 (46 %) un antifongique, 5 (38 %) du métronidazole, 4 (31 %) une fluoroquinolone, 3 (23 %) un glycopeptide et 2 (15 %) d’autres antibiotiques. Le suivi médian était de 5,5 mois à partir de l’arrêt de l’antibiothérapie. Neufs patients ont guéri après une prise en charge chirurgicale et une antibiothérapie d’une durée médiane de 105jours (dont 28,5 en IV), parmi lesquels 2 ont nécessité plus d’une opération. Deux patients ont nécessité une antibiothérapie suppressive, 1 a récidivé à distance de l’arrêt des antibiotiques et 1 est décédé d’une autre cause durant le traitement.
Conclusion |
L’ONM induite par le dénosumab est potentiellement une IOA complexe, pour laquelle certains patients pourraient bénéficier d’une prise en charge au sein d’un CRIOAc.
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Vol 49 - N° 4S
P. S82 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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