Consommation de compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja et risque de cancer du sein chez des femmes de plus de 50 ans : résultats de la cohorte prospective E3N - 12/05/19
Résumé |
Objectifs |
Les compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja sont présentés comme une alternative naturelle au traitement hormonal de la ménopause. Leur effet potentiel sur le risque de cancer du sein, jusqu’à présent rarement évalué « en vie réelle », est controversé. Nous avons donc étudié l’association entre la consommation de ces compléments alimentaires et le risque de cancer du sein de manière prospective dans une cohorte de femmes âgées de plus de 50 ans.
Méthode |
Au total, 76 442 femmes de la cohorte E3N, nées entre 1925 et 1950, ont été suivies entre les années 2000 et 2011 (11,2 années en moyenne) durant lesquelles 3608 cas incidents de cancers du sein sont survenus. Des informations sur leur consommation de compléments alimentaires à base de soja ont été recueillies tous les deux à trois ans. Des modèles de Cox multivariés nous ont permis d’estimer les risques relatifs (RR) de cancer du sein associés à une consommation en cours ou passée de compléments alimentaires à base de soja, ainsi que leurs intervalles de confiance (IC) à 95 %.
Résultats |
La prise de compléments au soja était associée à des RR égaux à 0,92 (IC 95 %=0,76–1,11) pour les cancers du sein tous types confondus, 0,78 (IC 95 %=0,60–0,99) pour les cancers de statut positif des récepteurs aux estrogènes (RE+) et 2,01 (IC 95 %=1,41–2,86) pour les cancers de statut négatif (RE–), pour une utilisation en cours en comparaison avec le fait de n’en avoir jamais consommé. Nous n’avons pas observé d’association entre la consommation passée de compléments au soja et le risque de cancer du sein. Nous avons mis en évidence un effet modificateur des antécédents familiaux de cancer du sein (pinteraction=0,03) et du statut ménopausique (pinteraction=0,04) : les RR associés à une utilisation en cours étaient égaux à 1,36 (IC 95 %=0,95–1,93) parmi les femmes ayant un antécédent familial de cancer du sein chez une parente de premier degré et à 0,82 (IC 95 %=0,65–1,02) parmi les femmes sans antécédent familial ; les RR étaient égaux à 1,06 (IC 95 %=0,87–1,30) parmi les femmes ménopausées depuis plus de cinq ans et à 0,50 (IC 95 %=0,31–0,81) parmi les femmes en périménopause ou ménopausées depuis moins de cinq ans.
Conclusion |
Notre étude a mis en évidence des associations opposées entre la consommation de compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja et les risques de cancers du sein selon le statut des récepteurs aux estrogènes. Elle suggère également qu’ils devraient être utilisés avec prudence par les femmes ayant un antécédent familial de cancer du sein. Enfin, nos résultats devraient encourager la mise en œuvre de nouvelles études chez des femmes non ménopausées ou ménopausées depuis peu de temps afin de vérifier si le profil de risque de ces compléments pourrait être plus favorable parmi celles-ci.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Cancer du sein, Cohorte, Compléments alimentaires, Soja, Isoflavones, Récepteurs hormonaux
Plan
Vol 67 - N° S4
P. S190-S191 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.