Association entre l’activité anticholinergique des psychotropes et les fonctions cognitives (cohorte de Constances) - 12/05/19
Résumé |
Objectif |
Des études précédentes ont suggéré que l’usage des médicaments anticholinergiques chez les personnes âgées est associé à un déclin de l’état fonctionnel et de la capacité cognitive. Le but de notre étude est de comparer l’association entre l’exposition à des médicaments de la même classe thérapeutique avec ou sans activité anticholinergique (AC+ ou AC) et les fonctions cognitives chez les adultes d’âge moyen en France.
Matériel et méthodes |
Notre étude utilisait des données sur des participants âgés de 45 ans et plus inclus dans la cohorte Constances entre janvier 2012 et octobre 2017 et ayant pris des psychotropes (antidépresseurs : n=2621, anxiolytiques : n=1204 et antipsychotiques : n=198) pendant plus de trois mois dans les trois années précédant l’évaluation des fonctions cognitives. Les scores cognitifs de la mémoire épisodique, la fluence verbale et les fonctions exécutives sont représentés par des z-scores (ajustés sur l’âge, le sexe, et le niveau d’études). L’exposition aux médicaments psychotropes a été mesurée à l’aide des bases de données nationales de remboursement [Système national des données de santé (SNDS)] en se basant sur le 3ème niveau de la classification anatomique thérapeutique et chimique « ATC » (antidépresseurs « N06A », anxiolytiques « N05B », antipsychotiques « N05A »). Pour chaque classe thérapeutique, nous avons utilisé l’échelle anticholinergique (Anticholinergic cognitive burden scale ACB) pour classer les médicaments en deux groupes : avec activité anticholinergique (AC+) et sans activité anticholinergique (AC−). Afin d’assurer une bonne comparabilité entre les groupes (AC+) et (AC−) au sein de chaque classe thérapeutique, nous avons développé un modèle basé sur la méthode d’appariement du score de propension. Les analyses ont été ajustées sur les variables liées au mode de vie et à l’état de santé.
Résultats |
Les résultats ont montré une association inconstante, et parfois opposée, entre l’usage de médicaments AC+ et les fonctions cognitives, avec de petites tailles d’effet pour les antidépresseurs et le Trail Making Test (TMT-B : β=−0,044, p=0,016) et la fluence verbale (fluence sémantique : β=+0,050, p<0,001 ; fluence phonémique : β=−0,066, p<0,001), ainsi que pour les anxiolytiques et le Digit Symbol Substitution Test (β=0,064, p=0,038), TMT-B (β=0,105, p<0,001) et la fluence sémantique (β=0,067, p=0,026). L’ampleur de l’effet de l’association entre l’activité anticholinergique des antipsychotiques et les fonctions exécutives était légèrement plus élevée (TMT-A : β=−0,424, p<0,001 ; et TMT-B : β=−0,332, p<0,001) et plus constante.
Conclusion |
Notre étude suggère qu’il n’y a pas de lien substantiel entre l’activité AC des antidépresseurs et des anxiolytiques et les fonctions cognitives basses. Ainsi, pour ces deux classes thérapeutiques, le choix du médicament en fonction de son activité AC peut ne pas être cliniquement pertinent en termes de fonctionnement cognitif à moyen terme. Nos résultats sont moins clairs pour les antipsychotiques pour lesquels il pourrait exister un lien entre l’activité AC et les fonctions exécutives basses. Des études longitudinales supplémentaires devraient être effectuées pour valider ces résultats et confirmer l’absence d’effets différés.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots-clés : Cognition, Anticholinergique, Cohorte de Constances, Age moyen, Vieillissement, Scores de propension, Psychotropes
Plan
Vol 67 - N° S4
P. S194-S195 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.