Étude FRANTALGIC – Intensification du traitement par opioïde chez les utilisateurs douloureux chroniques : analyse des données de remboursement de l’Assurance maladie - 12/05/19
Résumé |
Introduction |
La prise en charge de la douleur chronique comprend les traitements opioïdes faible/fort ayant un potentiel de dépendance, d’abus et de mésusage élevé. Bien qu’une épidémie d’overdoses mortelles aux opioïdes hors cancérologie soit décrite aux Etats-Unis, ce phénomène semble moins observé en France. Néanmoins, les autorités sanitaires françaises ont accru la surveillance de ces traitements. L’objectif de l’étude FRANTALGIC est de décrire les nouveaux patients douloureux chroniques sous opioïdes et l’évolution de leur prise en charge à moyen terme.
Méthodes |
Une étude rétrospective à partir des données de l’échantillon généraliste des bénéficiaires a inclus tous les assurés du régime général strict sous opioïdes initiés entre 2012 et 2015, sans antécédent d’exposition de plus de trois mois, puis exposés régulièrement (≤30jours d’absence de couverture de traitement) pendant au moins six mois consécutifs. Chaque patient a été suivi deux ans, jusqu’au décès ou au changement de régime. Leur profil ainsi que leur prise en charge thérapeutique initiale et au cours du suivi (passage d’un opioïde faible à fort ou association d’opioïdes faible et fort) ont été décrits selon la présence ou non d’un cancer. Une analyse de sensibilité reposant sur une sélection plus restrictive des patients douloureux chroniques sous opioïdes exposés régulièrement (≤10jours d’absence de couverture de traitement versus 30) a été réalisée afin de tester la robustesse des résultats.
Résultats |
Parmi les 248 995 patients bénéficiant d’au moins un remboursement d’opioïdes, 10 419 (4,2 %) ont débuté un traitement régulier (âge moyen : 64 ans, femmes : 63 %), dont 14,8 % avec cancer ; 54 % avaient au moins une ALD (cancer, K : 97,2 % ; sans cancer, NK : 46,3 %). Les patients avec et sans cancer étaient âgés respectivement de 68,9 et 63,6 ans avec respectivement 56 % et 64 % de femmes. Durant le suivi (durée moyenne de 23,2 mois), 6,6 % des patients sont décédés (K : 27,0 % ; NK : 3,1 %). A l’inclusion, 9808 patients (94,1 %) ont initié leur traitement par un opioïde faible (K : 88,5 % ; NK : 95,1 %), 550 (5,3 %) par un opioïde fort (K : 10,6 % ; NK : 4,3 %) et 61 (0,6 %) par les deux. Au cours du suivi, 84,8 % des patients débutant un opioïde faible restent sous ce traitement (K : 63,9 % ; NK : 88,2 %). L’intensification concerne 15,2 % des patients (K : 36,1 % ; NK : 11,8 %) avec un délai médian de quatre mois (K : 3 mois [IQR : 1–7] ; NK : 6 mois [2–13]). Quel que soit le seuil d’absence de couverture de traitement (30 ou 10jours), la seule différence observée concernait le nombre de patients (N=2708).
Discussion/Conclusion |
Cette étude montre qu’au sein des nouveaux patients douloureux chroniques sans cancer sous opioïdes au long cours, peu d’entre eux débutent d’emblée un opioïde fort (4,3 %). Parmi l’ensemble des patients sans cancer initiant un opioïde faible, une intensification de traitement est observée pour 11,8 %. Des analyses complémentaires sont nécessaires afin de mieux caractériser le profil de ces patients et leur prise en charge thérapeutique en vue de l’améliorer.
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Vol 67 - N° S4
P. S199 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.