Les auteurs cherchent à mettre en lumière certains des mécanismes psychiques qui soutiennent une mise en sens de la mort, au travers, en particulier, d’objets à haute valeur symbolique comme liens entre les morts et les (sur)vivants.

Dans cet article clinique, de méthodologie heuristique, nous associerons l’analyse d’une situation clinique de mort anténatale, paradigmatique des deuils à risque pathologique, et celle de la création artistique du plasticien Michel Nedjar, en lien avec le génocide juif.

Le traitement psychique de la perte d’un être aimé est l’occasion d’un risque psychopathologique important. Si les rites funéraires (religieux ou laïques), le soutien des proches et de la communauté permettent, dans bien des cas, d’offrir aux endeuillés un cadre propice à l’accomplissement de processus de deuil suffisants pour continuer à vivre avec la perte (et non pas à vivre sans le disparu), certaines situations particulièrement traumatiques interdisent l’accès à un deuil non pathologique.

Les auteurs seront amenés à réinterroger l’exclusivité du modèle freudien de Deuil et Mélancolie et à s’appuyer sur le modèle théorique winnicottien des phénomènes transitionnels pour éclairer les processus psychiques à l’œuvre.

La créativité à l’œuvre dans ces deux situations maintient une certaine distinction : sublimation du côté de l’artiste, résurgence des phénomènes transitionnels du côté de l’individu endeuillé.

The authors set out to cast light on certain psychic mechanisms that help to give meaning to death, in particular via objects of great symbolic value, as links between the dead and the survivors.

In this clinical article using a heuristic methodology, we combine the analysis of a clinical situation of antenatal death, a paradigm of loss with a pathological risk, and that of the artistic creation of Michel Nadjar, linked to the genocide of the Jews.

The psychic processing of the loss of a loved one is accompanied by considerable psychopathological risk. While funeral rites, whether religious or lay, and the support of the family and the community often provide mourners with a framework that favours the achievement of the period of mourning, so as to continue living with the loss (rather than living with the deceased person), there are certain traumatic situations that make access to a non-pathological mourning process impossible.

The authors reappraise the exclusiveness of Freud's mourning and melancholia model, and consider Winnicott's theoretical model of transitional phenomena to cast light on the psychic processes at work.

The creativity operating in the two situations maintains a certain distinction: sublimation for the artist, resurgence of transitional phenomena for the bereaved individual.