Les recherches abordant la perception de la psychiatrie de liaison par les soignants sont encore peu nombreuses au Maroc, la collaboration entre praticiens en psychiatrie de liaison s’avère nécessaire et la perception des médecins influence leurs implications en psychiatrie de liaison.

Evaluer la perception de cette activité auprès des différents services médico-chirurgicaux, déterminer l’implication, le niveau de collaboration et les attentes des praticiens, ainsi que les difficultés et les contraintes rencontrées.

Il s’agit d’une enquête réalisée auprès du personnel médical au niveau du Centre hospitalier universitaire Hassan II de Fès en 2016, à travers un auto-questionnaire déterminant la perception et la position des soignants à l’égard de la psychiatrie de liaison. Les données sont recueillies à l’aide d’un auto-questionnaire anonyme, comprenant 27 items. Nous avons inclus dans cette étude une population ciblée : les internes, les résidents et les professeurs.

La population totale des soignants participant à cette enquête est de 615 médecins, dont 111 professeurs, 436 résidents, et 68 internes. Le taux de participation a été de 80,32 %, l’âge moyen était de 30,25 ans, avec 47,6 % (236) de femmes et 52,4 % (258) d’hommes. Le pourcentage des médecins ayant obtenu leurs doctorats en médecine au Maroc est de 89,3 % dont 85,9 % à la faculté de médecine de Fès et 92,3 % avaient bénéficié d’un stage unique au service de psychiatrie au cours de leurs cursus universitaires, alors que 98,7 % n’ont jamais reçu une formation continue dans le domaine de la psychiatrie. La moitié des médecins répondeurs jugent avoir des difficultés à prendre en charge les troubles psychiatriques sur le plan diagnostique, et 59,5 % (292) trouvent des difficultés pour traiter les patients avec des troubles psychiatriques, alors que 90 % (444) jugent ne pas pouvoir faire le suivi thérapeutique. Seulement 35,6 % des médecins enquêtés sont informés sur la mise en place de la psychiatrie de liaison mais seulement 10 % de ces médecins sont renseignés sur les modalités de déroulement de la demande de l’avis psychiatrique. Devant un trouble psychiatrique, 98 % des médecins gèrent la situation en demandant un avis psychiatrique, cette demande est estimée urgente dans 87,1 % des cas. Les raisons de la non-sollicitation du psychiatre sont partagées entre les difficultés à repérer un trouble psychiatrique (51 %) et les difficultés liées à la demande de l’avis (49 %).

Notre étude a montré plusieurs difficultés perçues par les praticiens, que ça soit pour le diagnostic, pour le traitement ou pour le suivi des patients qui présentent des manifestations psychiatriques. La collaboration entre différents praticiens constitue une obligation dans la prise en charge des patients. L’amélioration des connaissances à travers la sensibilisation et l’organisation de journées scientifiques regroupant les différentes spécialités aidera à améliorer la perception des médecins.

Research addressing the perception of liaison psychiatry by caregivers is still limited in Morocco. Collaboration between practitioners in liaison psychiatry is necessary, and the perception of physicians influences their implications in liaison psychiatry.

To evaluate the perception of this activity among the various medical and surgical units, determine the involvement, level of collaboration and expectations of practitioners, as well as the difficulties and constraints encountered.

A survey was carried out among medical personnel at the Hassan II University Hospital Centre in Fez in 2016, through a self-questionnaire determining the perception and position of carers with regard to liaison psychiatry. The data are collected using an anonymous self-administered questionnaire, consisting of 27 items. We included in this study a targeted population: interns, residents and professors.

The total population of caregivers participating in this survey was 615 physicians, including 111 professors, 436 residents, and 68 interns. The participation rate was 80.32%. The average age was 30.25 years, with 47.6% (236) women and 52.4% (258) men. The percentage of doctors who obtained their doctorates in medicine in Morocco was 89.3% (85.9% at the Faculty of Medicine in Fez) and 92.3% had received a unique internship in the psychiatry department during their university studies, while 98.7% never received any continuing training in the field of psychiatry. Half of responding physicians reported difficulties in managing psychiatric disorders diagnostically, and 59.5% (292) reported difficulties in treating patients with psychiatric disorders, while 90% (444) reported that they are unable to provide therapeutic follow-up. Only 35.6% of the doctors surveyed were informed about the establishment of liaison psychiatry, but only 10% of these doctors were informed about the procedure for requesting a psychiatric opinion. Faced with a psychiatric disorder, 98% of doctors managed the situation by seeking psychiatric advice, 87.1% considered this request urgent. The reasons for not soliciting q psychiatrist were divided between difficulties in identifying a psychiatric disorder (51%) and difficulties in requesting an opinion (49%).

Our study showed several difficulties perceived by practitioners, whether in the diagnosis, treatment or follow-up of patients with psychiatric manifestations. Collaboration between different practitioners is an indispensable element of patient management. Improving knowledge through awareness-raising and the organization of scientific days bringing together the different specialties will help to improve doctors’ perceptions.