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Le dépistage organisé du cancer du sein - 30/06/19

Organized breast cancer screening

Doi : 10.1016/S0001-4079(19)31350-0 
Jacques Rouëssé *, Hélène Sancho-Garnier **

et des membres de la commission III (Cancérologie)***

* Membre de l’Académie nationale de médecine. 
** CLCC Montpellier — ICM — Service de Prévention et d’Épidémiologie — Épidaure. Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine 
*** Daniel Couturier, Daniel Jaeck, Philippe Jeanteur, Henri Rochefort, Jacques Rouëssé, Richard Villet, Hélène Sancho-Garnier 

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RÉSUMÉ

L’intérêt du dépistage des cancers du sein est actuellement remis en cause. Deux points sont l’objet de débats : le premier concerne l’importance de la réduction de la mortalité par cancer du sein que l’on peut attribuer au dépistage, le second est le problème du « sur- traitement » de lésions non évolutives. Après près de dix années de réalisation d’un pro- gramme national de dépistage organisé du cancer du sein, il est légitime de s’interroger sur les résultats obtenus en termes de bénéfices, d’effets néfastes et sur la nécessité de modifier certains éléments du programme. Tout comme les soins curatifs, le dépistage doit faire l’objet d’une remise à jour régulière de l’état de la science, des faits contrôlés et des incertitudes pour tout prescripteur (en acte ou en parole) de dépistage.

Ce programme de dépistage, comporte un examen clinique des seins et une mammographie tous les deux ans, et concerne les femmes de 50 à 74 ans sans antécédents particuliers qui relèveraient d’une surveillance adaptée. Sa qualité repose sur une deuxième lecture des clichés considérés par un premier lecteur comme non évocateurs de cancer, sur un contrôle qualité du matériel et des techniques, et sur la garantie d’une pratique régulière suffisante des radiologues agréés. Le taux de participation est, en 2012, de 52,7 %. Le taux de couverture de ce dépistage peut paraître proche des normes européennes recommandées (60 %) si on y ajoute la participation à une démarche individuelle, hors programme. Si le bénéfice du dépistage du cancer du sein en termes de réduction de la mortalité reste probable, il est difficilement chiffrable, du fait de la part dans cette tendance de l’amélioration de la précocité des diagnostics et des progrès thérapeutiques non contestables de ces dix dernières années. On peut seulement constater que cette diminution de la mortalité par cancer du sein, de l’ordre de 0,6 % par an existait bien avant la généralisation du dépistage mais s’est accentuée (1,5 % par an) depuis 2005. Les principaux effets indésirables sont eux quantifiés : de l’ordre de 15 % de faux négatifs et 6 % de faux positifs, quant au sur-traitement son évaluation varie de1à 30 % traduisant la difficulté à l’estimer ! Suite au bilan présenté, on constate que le rapport bénéfice/risque de ce programme pourrait être amélioré par une redéfinition des populations incluses (risques plus élevés), une meilleure information tant du public que des prescripteurs, une évaluation régulière des indicateurs et à chaque changement de technique radiologique, une évaluation de la justification des mammographies hors dépistage organisé, une homogénéisation et un soutien aux structures de gestion, une estimation adéquate de l’efficience (coûts/utilité). Ceci ne peut se faire sans un pilotage vigilant et permanent permettant d’adapter rapidement les avancées de la science et les modifications de la société.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

SUMMARY

Breast screening programs are increasingly controversial, especially regarding two points: the number of breast cancer deaths they avoid, and the problem of over-diagnosis and over-treatment. The French national breast cancer screening program was extended to cover the whole country in 2004. Ten years later it is time to examine the risk/benefit ratio of this program and to discuss the need for change. Like all forms of cancer management, screening must be regularly updated, taking into account the state of the art, new evidence, and uncertainties. All screening providers should keep themselves informed of the latest findings. In the French program, women aged 50-74 with no major individual or familial risk factors for breast cancer are offered screening mammography and clinical breast examination every two years. Images considered non suspicious of malignancy by a first reader are re-examined by a second reader. The devices and procedures are subjected to quality controls. Participating radiologists (both public and private) are required to read at least 500 mammographies per year. The program’s national participation rate was 52.7 % in 2012. When individual screening outside of the national program is taken into account (nearly 15 % of women), coverage appears close to the European recommendation of 65 %. Breast cancer mortality has been falling in France by 0.6 % per year for over 30 years, starting before mass screening was implemented, and by 1.5 % since 2005. This decline can be attributed in part to earlier diagnosis and better treatment, so that the specific impact of screening cannot easily be measured.

Over-treatment, defined as the detection and treatment of low-malignancy tumors that would otherwise not have been detected in a person’s lifetime, is a major negative effect of screening, but its frequency is not precisely known (reported to range from 1 % to 30 %). In view of these uncertainties, it would be advisable to modify the program in order to increase its efficiency, by targeting populations at a higher risk than the women currently included, and to reduce the number of mammograms done outside the program, as they are not subject to the same quality controls. Risks could be reduced by increasing the sensitivity of mammography and the specificity of the readings. Moreover, it is mandatory to inform women of both the benefits and risks of screening, in compliance with the principle of enabling patients to make a free and informed choice.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 198 - N° 2

P. 369-386 - février 2014 Retour au numéro
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