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Algérie, francophonie et espace francophone : les appréhensions, les difficultés et les pistes pour une coopération dans le domaine de la kinésithérapie - 20/08/19

Algeria, French language and francophone space: The apprehensions, the difficulties and the tracks for a cooperation in the field of physiotherapy

Doi : 10.1016/j.kine.2019.07.006 
Abdelkader Abdellaoui a, , Samir Boudrahem b
a Réseau Campus Virtuel Avicenne, Paris (France) & Agence Internationale pour le Développement de l’Education et de la Coopération, Paris, France 
b ISTR Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Il n’est pas neutre, voire difficile, de parler de francophonie en Algérie sans évoquer, un tant soit peu, les relations algéro-françaises de manière générale et la période coloniale et postcoloniale de façon particulière. Très souvent en effet, les activités d’échanges (commerciaux, culturels et même scientifiques et technologiques) renvoient, dans la conscience collective, à tort ou à raison, à une action du « présumé » ‘Hisb frança’, traduction de « parti de la France » qui sous-entend une volonté de prolongation de l’état de subordination (réel ou supposé) à un partenaire dominant (ancien occupant) mais surtout à une poursuite graduelle, après l’indépendance politique arrachée, d’une culture et d’une manière d’être jugées incompatibles avec les traditions locales, voire la conviction religieuse dominante. Quand on passe en revue les programmes de recherche coopérative, à travers les sites de certaines universités algériennes, on est frappé par la présentation même des intitulés des programmes bilatéraux qui met toujours en avant le nom du codirecteur français du programme, même en cas de grades universitaires identiques entre les deux codirecteurs de programme algérien et français. Ceci ne relève pas du hasard mais signe l’incorporation, consciente ou inconsciente, d’un schéma de pensée qui place l’un et l’autre des protagonistes dans des positions héritées de l’époque coloniale. Pourtant, la langue française occupe une place relativement importante dans la communication à travers le champ social algérien ; les deux langues officielles en Algérie sont l’arabe et le tamazigh. Les différentes variantes de la langue arabe selon les régions sont telles qu’elles induisent des difficultés de compréhension obligeant les locuteurs à recourir au français qui devient la langue de communication de « secours ». En effet, un demi-siècle n’a pas suffi pour que la langue du colonisateur soit supplantée par les deux langues nationales. Des équipes universitaires algériennes participent activement aux programmes de la francophonie, notamment en télédétection ; la participation en matière de santé et notamment en kinésithérapie n’est pas encore significative, cette dernière étant encore à ses balbutiements ; elle est tout à fait possible pour peu qu’un travail de sensibilisation soit mené de manière intelligente. Ces constats étant faits, on peut se demander quelle pourrait être la raison de l’absence d’adhésion officielle de l’Algérie à la francophonie. L’assimilation de la francophonie à un outil de prolongation d’une situation d’asservissement (ou d’ingérence étrangère) bien ancrée dans la conscience collective, a cependant commencé à changer d’abord très timidement dès la fin des années 1980 ; la principale raison en est la prise de conscience que l’Algérie ne peut pas rester coupée d’une partie du monde dans lequel elle peut jouer un rôle suffisamment important grâce à ses positions stratégiques (géographiques, culturelles, politiques, commerciales). La mondialisation des échanges, les autoroutes de l’information ouvertes par le Web, les incontournables évolutions sociales ont œuvré à masquer (sans les effacer complètement) les réticences à une « adhésion symbolique » aux travaux de l’OIF sans pourtant ratifier officiellement l’adhésion algérienne à la francophonie. L’Algérie participe ainsi depuis le sommet de Beyrouth en 2002, en qualité d’invité spécial, à tous les sommets de l’OIF. Le présent article ne prétend pas faire une synthèse complète, ou un historique fidèle, de la francophonie en Algérie ; ceci demanderait un travail de recherche documentaire et d’enquêtes qui pourraient être menés dans un autre cadre. Il tente par contre de placer le problème de la compréhension du sens même du terme « francophonie » dans le champ social particulier algérien puis de donner quelques pistes pour la réussite d’un échange fructueux, sincère et gagnant-gagnant entre les équipes universitaires des deux rives de la Méditerranée, notamment en kinésithérapie, champ complètement ouvert aux opportunités d’échanges et de concertation.

Niveau de preuve

Non adapté.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

It is not neutral, but even difficult, to speak about French speaking countries in Algeria without mentioning Algerian-French relations in a general way and the colonial and postcolonial period in a particular way. Very often indeed, the activities of exchanges (commercial, cultural and even scientific and technological) refer, in the collective conscience, rightly or wrongly, to an action of the “presumed” ‘Hisb frança’, translation of “party of France” which implies a desire to prolong the state of subordination (real or supposed) to a dominant partner (former occupant) but especially to a gradual pursuit, after the political independence torn off, a culture and a way of being judged to be incompatible with local traditions, even the dominant religious conviction. When we review the programs of cooperative research, through the sites of some Algerian universities, we are struck by the very presentation of the titles of the bilateral programs which always puts forward the name of the French co-director of the program, even in case identical academic degrees between the two Algerian and French program co-directors. This is not a matter of chance but signifies the incorporation, conscious or unconscious, of a thought pattern that places both protagonists in positions inherited from the colonial era. Yet the French language occupies a relatively important place in communication across the Algerian social field; the two official languages in Algeria are Arabic and Tamazigh. The different variants of the Arabic language according to the regions are such that they induce difficulties of comprehension obliging the speakers to resort to French, which becomes the language of “relief” communication. Indeed, half a century was not enough to ensure that the language of the colonizer was supplanted by the two national languages. Algerian university teams actively participate in Francophone programs, notably in remote sensing; participation in health and especially in physiotherapy is not yet significant, the latter being still in its infancy; it is entirely possible as long as awareness work is carried out intelligently. Those observations made, one may wonder what could be the reason for the lack of official adhesion of Algeria to the Francophone countries. The assimilation of the French speaking countries to a tool of prolongation of a situation of enslavement (or of foreign interference) well anchored in the collective conscience, however began to change very shyly at the end of the 1980s; the main reason is the realization that Algeria cannot remain cut off from a part of the world in which it can play a sufficiently important role thanks to its strategic positions (geographical, cultural, political, commercial). The globalization of exchanges, the information highways opened by the Web, the unavoidable social evolutions have worked to mask (without completely erasing them) the reluctance to a “symbolic accession” to the work of the OIF without yet officially ratifying the Algerian membership to the French speaking countries. Algeria has been participating since the Beirut Summit in 2002, as a special guest, at all OIF summits. This article does not pretend to make a complete synthesis, or a faithful history, of the Francophonie in Algeria; this would require documentary research and surveys that could be conducted in another setting. On the other hand, it tries to place the problem of understanding the meaning of the term “Francophonie” in the particular Algerian social field and then to give some ideas for the success of a fruitful, sincere and win-win exchange between the university teams of the two. The shores of the Mediterranean particularly in physiotherapy, field fully open to opportunities for exchange and consultation.

Level of evidence

Not applicable.

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Mots clés : Algérie et francophonie, Coopération euromaghrébine, Francophonie, Kinésithérapie, Langue de communication

Keywords : Algeria and Francophonie, Euro-Maghreb cooperation, Francophonie, Physiotherapy, Communication language


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Vol 19 - N° 212-213

P. 20-28 - août 2019 Retour au numéro
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