Trois espèces d’Hantavirus sont observées en France : les virus Puumala, Seoul et Toula. En moyenne 100 cas sont recensés chaque année principalement dus au virus Puumala. Nous rapportons le cas d’un patient bulgare présentant une insuffisance rénale aiguë rapidement progressive causée par le virus Dobrava–Belgrade (DOBV).

Homme de 48 ans, plombier, exposé aux canalisations d’eaux usées et ayant voyagé en Bulgarie un mois auparavant présente une hyperthermie associée à des douleurs abdominales diffuses, nausées et vomissements. Le bilan biologique montre une cytolyse hépatique à trois fois la normale sans cholestase. Il n’y a pas de syndrome inflammatoire biologique. Il existe une thrombopénie associée à une anémie régénérative sans hémolyse. L’évolution est marquée par une insuffisance rénale aiguë avec augmentation rapide de la créatinine de 51μmol/l à 680μmol/l en trois jours. Il existe une protéinurie massive à 16g/24h et une hématurie extra-glomérulaire. Il n’y a pas de stigmates d’auto-immunité. Les bilans virologique et bactériologique sont négatifs. Une biopsie rénale est rapidement réalisée. L’aspect macroscopiquement de la médulla était hémorragique. L’histologie rénale montre une néphrite interstitielle hémorragique aiguë. Il existe une phase oligurique de 5jours suivie d’un épisode polyurique. L’évolution est favorable sans nécessiter de dialyse. La sérologie évoque une infection par le virus Seoul. Cependant la nested RT-PCR est positive à une souche du DOBV.

Il s’agit du 1^er cas d’infection par le virus DOBV rapporté en France. Des enquêtes épidémiologiques et virologiques sont en cours pour confirmer l’importation du virus de Bulgarie ou son caractère autochtone (le rongeur Apodemus flavicollis, l’un des réservoirs du virus, est signalé dans la région Lyonnaise). L’aspect macroscopique hémorragique de la biopsie rénale est caractéristique de cette infection et doit faire suggérer le diagnostic d’infection à Hantavirus au moment de la biopsie. Ce diagnostic reste un challenge.