Montrer le processus de radicalisation en milieu carcéral désigné par le terme de radicalogenèse, en résonance avec celui de criminogenèse. Si ce dernier se focalise sur la situation précriminelle afin d’étudier ce qui incite un sujet à passer à l’acte, dans la radicalogenèse nous nous focalisons sur la situation post-criminelle pour en dégager des étapes qui peuvent amener un sujet incarcéré à la radicalisation.

Analyse de la littérature sur les processus de radicalisation et de crimininogenèse, harmonisée à la méthodologie du suivi clinique pratiqué dans le cadre du travail psychologique/psychothérapeutique, mené durant six ans avec les personnes détenues, dans les maisons d’arrêt françaises.

Les résultats, tirés des suivis avec les personnes détenues engagées dans un processus de radicalisation, conjoints à la revue de la littérature, montrent que le milieu carcéral peut faciliter la radicalisation à travers une fragilisation identitaire consécutive au crime — événement parfois traumatique pour son auteur — qui a mené le sujet en prison.

Nous avons ainsi reporté, dans un tableau, une synthèse des théories sur la radicalisation, nous permettant de discuter leurs points de convergence/divergence et de décrire les quatre phases de la radicalogenèse : fragilité identitaire ; désidentification ; conversion et réidentification ; radicalisation. Nous soulignons que ce processus est strictement singulier et dépend de la structure subjective du sujet en voie de radicalisation.

Nous rappelons l’importance d’une prise en charge psychologique/psychothérapeutique en maison d’arrêt, en particulier pour les personnes détenues les plus fragiles et les plus fragilisées par leur passage à l’acte. Faute de cet accompagnement, la personne risque de se radicaliser, afin de trouver un nouveau point d’identification pour survivre.

To demonstrate the process of radicalisation within the prison environment, via the notion of radicalogenesis, by analogy with the concept of criminogenesis While the latter focuses on the pre-criminal situation and studies what prompts a subject to engage in criminal activity, for the genesis of radicalisation we concentrate on the post-criminal situation of individuals, in order to untangle the stages that can bring a prisoner to become radicalised.

An analysis of the literature on the process of radicalisation, and on the genesis of criminality; this is backed up by the methodology of clinical follow-up in the context of the psychological/psychotherapeutic work undertaken with detainees over a period of six years in French prisons.

The results from the follow-up of detainees caught up in a process of radicalisation, and from the review of the literature show that the prison environment can facilitate radicalisation through a process whereby the identity of an individual becomes more vulnerable following a criminal act that leads to incarceration – an act that is sometimes traumatic for the perpetrator.

Having summarised, in table form, the different theories of radicalisation, and discussed their points of similarity/difference, we describe four phases in the genesis of radicalisation: vulnerable identity, dis-identification, conversion and re-identification, radicalisation. We want to emphasise that this process is strictly individual and depends on the subjective structure of the person becoming radicalised.

We reiterate the importance of psychological/psychotherapeutic support in prisons, particularly for the more vulnerable individuals, and those made more vulnerable still by their acting-out. Without this support, the individual risks becoming radicalised in order to find a new pole of identification, as a means of survival.