Explorer les troubles du sommeil et de la vigilance chez 1470 salariés allemands et 1231 salariés français.

Tous les salariés ont accepté de répondre à un questionnaire socio-professionnel, au questionnaire de Pittsburgh sur la qualité du sommeil, à l'échelle de vigilance d'Epworth, au questionnaire de Horne et Ostberg sur la typologie circadienne et au questionnaire SF12 sur la qualité de vie ; les sujets ont été répartis en 4 groupes : travail de jour à horaires fixes, travail de jour en équipes alternantes (28), travail posté, travail exclusivement de nuit.

Les troubles du sommeil concernent plus d'un salarié sur deux, les troubles de la vigilance, un salarié sur quatre, les travailleurs de jour et de nuit permanents sont adaptés à leur rythme de travail avec une meilleure qualité de sommeil et moins de troubles de la vigilance que les postés et les travailleurs en 28 ; leur typologie est en phase avec leur rythme de travail, alors que les groupes qui travaillent en alternance sont majoritairement du matin et sont rarement en phase avec leurs horaires de travail variables. Les travailleurs postés comme les travailleurs de nuit permanents ont une moins bonne qualité de vie physique que les travailleurs de jour. Tous les scores de qualité de sommeil, de vigilance et de qualité de vie sont corrélés entre eux de façon significative.

Les organisations de travail jouent un rôle dans les troubles rapportés chez les travailleurs postés : le poste du matin est très délétère sur la qualité et la durée du sommeil, notamment chez les postés français dont la prise de poste se fait le plus souvent avant 6 heures. Les sujets se plaignant de troubles du sommeil et de la vigilance considèrent avoir une moins bonne qualité de vie. Sommeil et vigilance sont plus perturbés chez les travailleurs postés, de jour comme de nuit, que chez les travailleurs exclusivement de nuit. C'est l'alternance des rythmes qui est source de trouble. Ces résultats seront une contribution précieuse pour la mise en place de recommandations européennes quant au travail de nuit et posté.

The aim of the present study was to analyse the consequences of different work schedules (permanent vs rotating shifts) on quality of sleep, vigilance and quality of life.

We investigated 1470 German and 1231 French workers. They answered 5 self-completed questionnaires on: social and occupational status, quality of sleep (Pittsburgh Quest.), sleepiness scale (Epworth Scale), quality of life (SF12) ans circadian typology (Horne & Ostberg Quest). Subjects have been divided into four groups according to their work schedules: 1) straight day 2) rotating two-shift day work – morning and afternoon, 3) three-shift work and 4) permanent night shift.

Disturbed sleep was reported in more than 50% of the workers and problems of vigilance in one in 4 subjects. Permanent day and night workers were well adapted to their rhythm of work with a better quality of sleep, and less daytime sleepiness than shift workers without or with night shift. Their circadian typology was in phase with their work schedules; 67% “morning” and 79% “evening”, respectively, while the rotating groups were essentially (60%) “morning”, out of phase with their schedule. The day 2-shift group complained of sleepiness after the morning shift as much as the 3-shift workers and significantly more than the day or night workers. The different scores were significantly correlated.

The type of work organisation constitutes a disturbing factor on the adaptability, the sleep and life of the workers. The morning shift is particularly painful in French workers who start before 6am. Subjects complaining of bad quality of sleep or work-time sleepiness reported a poorer quality of life. Sleep and vigilance are more perturbed by rotating work than by night shift. Such results would have to be taken into consideration by European recommendations on shift work.