Manger ne se résume pas à incorporer des nutriments. Nourrir ou se nourrir est un acte symbolique, social, qui s’inscrit dans une famille, une histoire et une société. C’est un acte fondateur de l’identité, vecteur de plaisir et de commensalité. Pour autant, notre alimentation est devenue une source d’angoisse en raison des nombreux messages souvent contradictoires relayés sur les réseaux sociaux, et des injonctions peu rationnelles qui suscitent l’incompréhension dans l’esprit du mangeur. Aussi, le plaisir de manger est-il stigmatisé au profit de messages rationnels mettant en exergue les valeurs nutritionnelles des aliments « sains » à valoriser lors de nos choix. Pour autant, « plaisir » et « santé » sont-ils deux concepts réellement irréconciliables ? À l’appui de résultats d’études conduites principalement chez l’enfant, le présent article ambitionne de proposer une revue de question afin de comprendre l’impact des discours orientés « santé » ou « plaisir » sur les comportements alimentaires notamment des jeunes mangeurs.

Eating is not just about incorporating foods or nutrients. Eating or feeding is both a symbolic and social act that is part of a family, a history and a society. This is an essential act which contributes to social identity and to alterity, and which is a vector of pleasure and commensality. However, eating becomes a source of worries because of the conflicting messages and unrealistic injunctions broadcasted through paper press and Internet web sites that lead to misunderstandings and confusions in the mind of the eaters. Moreover, the pleasure of eating is demonized and stigmatized in favor of rational messages highlighting the nutritional values of “healthy” foods to be favored. However, are “pleasure” and “health” two really irreconcilable concepts? The present article presents a review of the impact of the nutrition-oriented messages and of the pleasure-oriented messages, discussed in the light of different recent studies investigating their influence on children's eating behaviors.