La parole entre croyance et savoir, impasses subjectives en soins palliatifs - 06/11/19
Speech between belief and knowledge. Subjective impasses in palliative care
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder
Résumé |
À partir de l’analyse croisée, transdisciplinaire (médecin et psychologue) et à travers une lecture psychanalytique, philosophique et ethnologique d’un cas clinique rencontré conjointement au sein d’un service de soins palliatifs, nous nous proposons d’identifier et d’explorer quelques-uns des enjeux liés à la parole et à la relation de soins dans ce temps spécifique qu’est la fin de la vie. Notre réflexion nous a amenéS à parcourir les points suivants. Dans certains cas, la découverte et l’annonce d’une maladie grave et incurable s’opèrent avant même que celle-ci n’ait été expérimentée par le sujet dans son propre corps. À ce stade, la maladie n’existe donc qu’à partir d’une interprétation, fournie par un « sachant », de résultats biologiques et radiologiques. Dans ce contexte spécifique, nous interrogeons les enjeux et les effets de cette parole, en totale opposition avec l’expérience permanente, continue, du vécu corporel du patient. La douleur physique peut avoir, dans les différents moments de l’évolution d’une maladie grave, de multiples effets. Au niveau relationnel, elle peut représenter une sorte d’écran sur laquelle se projette la souffrance existentielle du patient, adressée à un autre à travers la plainte. Tandis qu’au niveau de l’économie psychique, cette douleur aspire toute l’énergie disponible, à l’image d’un trou noir, et appauvrit ainsi considérablement le moi du sujet. Nous nous proposons d’étudier cette problématique de la douleur dans la période de fin de vie sous l’angle des fonctions qu’elle pourrait revêtir, en réponse aux impasses subjectives auquel le malade en soins palliatifs peut être confronté. Enfin, dans une lecture anthropologique, la problématique de la « mort vaudou », ainsi que la position de chamane du médecin, particulièrement en soins palliatifs, nous sont apparues comme des illustrations théoriques pertinentes de la manière dont certains patients peuvent croire et entendre la parole d’un « sachant ». Certains actes, mots ou attitudes envers le malade en soins palliatifs peuvent être vécus par le sujet ou son entourage comme une annonce de mort à venir ne laissant plus la place au désir de s’immiscer dans la vie puisqu’ils entravent l’opportunité de se projeter dans un futur possible.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Based on a cross-disciplinary analysis — carried out by a medical doctor and a psychologist — as well as a psychoanalytical, philosophical, and ethnological reading of a clinical case encountered by both authors in a palliative care service, we identify and explore some of the issues related to speech and to the relationship of care in the particular context of the end-of-life period. Our reflections have led us to explore the following points. In some cases, serious and incurable diseases are diagnosed and announced to patients before they have experienced it in their own bodies. At this stage, the disease therefore only exists on the basis of an interpretation of biological and radiological test results, provided by a “knowing figure.” In this specific context, we question the stakes and effects of this person's discourse, which absolutely contradicts the patient's permanent and continuous bodily experience. Throughout the stages of a serious disease, physical pain can have a range of different effects. On a relational level, it can represent a kind of screen onto which the existential suffering of the patient is projected and communicated to others in complaints. Simultaneously, in terms of the patient's psychic economy, this pain sucks up all the available energy, like a black hole, and thus considerably impoverishes the subject's self. We propose to study pain during the end-of-life period in terms of the functions it could perform, in response to the subjective impasses with which palliative care patients may be confronted. Finally, an anthropological reading raises the question of “voodoo death” and of the doctor's shamanic position — particularly in palliative care —, which we found to be relevant theoretical illustrations of how some patients can heed and believe a knowing figure's words. Some acts, words, or attitudes towards the palliative care patient may be experienced by the subject or their loved ones as a prediction of their imminent death, leaving little room for the desire to participate in life and hindering the opportunity to project oneself into a possible future.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Douleur réfractaire, Médecine psychosomatique, Anthropologie culturelle, Soins palliatifs, Psychanalyse
Keywords : Pain, Intractable, Medicine, Psychosomatic, Anthropology, Cultural, Care, Palliative, Psychoanalysis
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