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Dermocorticoïdes et soleil: un malentendu chez les pharmaciens - 20/11/19

Doi : 10.1016/j.annder.2019.09.115 
A. Sacko 1, S. Prot-Labarthe 2, 3, O. Bourdon 2, 4, E. Bourrat 5,
1 Pharmacie clinique faculté de pharmacie de Paris, université Paris Descartes, Sorbonne 
2 Département de pharmacie, hôpital Robert-Debré 
3 Inserm U 1123, ECEVE, Paris 
4 Laboratoire éducation et pratiques de santé, université Paris XIII, Bobigny 
5 Pédiatrie Générale, hôpital Robert-Debré, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La crainte des dermocorticoïdes (DC) ou corticophobie repose sur une surestimation des risques d’effets secondaires réels et sur des croyances non fondées: parmi ces dernières, la notion du caractère photosensibilisant des DC semble répandue chez les pharmaciens. L’objectif de cette étude était d’évaluer la crainte des équipes officinales vis-à-vis d’une prescription de DC dans la dermatite atopique (DA) en période estivale et son retentissement en termes de conseils d’utilisation des DC en été.

Matériel et méthodes

Un questionnaire à partir d’un « cas de comptoir » (présentation en été d’une ordonnance de DC pour la DA d’un enfant) était mis en ligne sur Facebook via des groupes de pharmaciens, préparateurs et étudiants; les questions concernaient

– la personne sondée (âge, profession)

– sa réticence vis-à-vis des DC en général et en cas d’exposition solaire,

– son adhérence à l’ordonnance proposée évaluée en termes de conseils lors de la dispensation,

– les craintes détaillées concernant l’association DC et soleil,

– les sources d’informations concernant ces risques.

Résultats

Cent vingt-six participants ont répondus (48,4 % pharmaciens, 40,5 % préparateurs, 10,3 % étudiants): 12 % étaient réticents aux DC en général, 36 % étaient réticents aux DC en général et les estimaient photosensibilisants, et 51 % n’étaient pas réticents mais les jugeaient photosensibilisants. Le retentissement sur les conseils délivrés lors dispensation était: une suggestion d’arrêt du DC pendant toute la durée de l’exposition solaire (28 %), d’arrêt ou de limitation du DC (quantité, durée) indépendamment de l’exposition solaire (43 %). Les craintes exprimées concernant l’association DC/soleil étaient: un risque vis-à-vis de rayons UV (46 %), un risque de dépigmentation (27 %) ou d’hyperpigmentation (5,6 %), une aggravation de la DA (9,5 %). Les sources citées à l’origine de ces craintes étaient: les monographies des médicaments (54 %), les sites Internet (6,3 %) et les cours théoriques (13,5 %).

Discussion

Le caractère photosensibilisant des DC est un malentendu fréquent dans les officines et retentit en termes de conseils lors de la dispensation, allant jusqu’à préconiser dans 1/3 des cas un arrêt total du traitement pendant l’été, y compris chez les professionnels n’exprimant pas de réticence en général vis-à-vis des DC. Les risques évoqués confirment le caractère multifactoriel de la corticophobie: mauvaise interprétation de la dyschromie post inflammatoire, craintes non fondées d’effets secondaires liés aux mésusage de DC, part d’irrationnel. L’origine de cette fausse information est inconnue: contrairement aux dires des participants, elle est bien sûr absente des monographies et des recommandations en ligne des sociétés savantes.

Conclusion

La croyance fausse de l’incompatibilité DC/soleil dans la DA est bien ancrée chez les pharmaciens et retentit sur les conseils délivrés aux parents. Ce point doit donc être abordé lors de l’éducation thérapeutique.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Corticophobie, Dermatite atopique, Dermocorticoïde, Exposition solaire


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Vol 146 - N° 12S

P. A107 - décembre 2019 Retour au numéro
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