Infections sexuellement transmissibles acquises en voyage : étude rétrospective de 140 cas - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
L’incidence des infections sexuellement transmissibles (IST) ne cesse d’augmenter. Le voyage joue un rôle majeur dans leur diffusion, mais peu d’études se sont intéressées aux IST des voyageurs. Notre objectif était de décrire le spectre des IST diagnostiquées chez des voyageurs, en comparant ceux infectés par le VIH ou non.
Matériel et méthodes |
Nous avons étudié les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et microbiologiques des patients diagnostiqués dans un service de Maladies Infectieuses et Tropicales à Paris avec une IST acquise en voyage entre 2008 et 2016.
Résultats |
Nous avons analysé 140 cas d’IST liées au voyage. Ils concernaient majoritairement des hommes (89 %), en particulier des hommes ayant des relations sexuelles (RS) avec des hommes (HSH, 54 %) et infectés par le VIH (40 %). Chez les 84 voyageurs VIH négatifs, les principales IST étaient les primo-infections VIH (38 %), les infections à gonocoque (17 %) et les primo-infections herpétiques (14 %, vs 1,5 % chez les VIH+, p=0,01). Chez les 56 voyageurs infectés par le VIH, il s’agissait des syphilis (43 %, vs 6 % chez les VIH−, p=0,01), des infections à Chlamydia trachomatis (CT, 22 %, vs 13 % chez les VIH−, p=0,08), à gonocoque (13 %) et des hépatites C aiguës (12 %, vs 1 % chez les VIH−, p=0,01), avec une prédominance de formes anales pour les infections à gonocoque et à CT. Les IST étaient acquises majoritairement en Afrique sub-saharienne (33 %), Amérique latine/Caraïbes (21 %) et Asie du sud-est (16 %), en particulier en Thaïlande (13 %), après des RS avec des partenaires occasionnels locaux, et pour les HSH des taux élevés de contamination en Europe de l’ouest après des RS multiples avec d’autres touristes.
Discussion |
Le spectre des IST liées au voyage est large, avec des différences significatives entre les voyageurs VIH+ et VIH−. Les primo-infections VIH étaient la première cause d’IST chez les non-VIH. Cette exposition des voyageurs au VIH est très préoccupante et soulève la question de l’intérêt de la prophylaxie préexposition (PrEP) chez les voyageurs à haut risque, notamment les touristes sexuels dans des pays de forte endémie et les HSH dans des « circuit parties » en Europe. De plus, l’exposition des voyageurs à l’épidémiologie locale risque d’entraîner l’importation et la transmission de sous-types viraux étrangers du VIH, et de souches résistantes aux antibiotiques (gonocoques résistant aux céphalosporines, Mycoplasma genitalium résistant aux macrolides et fluoroquinolones).
Conclusion |
Les voyageurs jouent un rôle important dans la diffusion des IST, dont l’infection par le VIH. Ceci souligne la nécessité de renforcer la prévention des IST chez les voyageurs, en ciblant les groupes à risque, et en utilisant des moyens d’information variés. La PrEP présente un intérêt potentiel, tout en insistant sur la nécessité du port systématique du préservatif, afin de prévenir l’ensemble des IST et d’enrayer leur propagation mondiale.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Infections sexuellement transmissibles, VIH, Voyage
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A121 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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