L’alimentation comme facteur influençant la survenue, la persistance ou la sévérité de l’acné est débattue. L’objectif de cette étude était d’évaluer le lien entre l’alimentation et la présence de l’acné chez l’adulte.

Depuis 2009, l’e-cohorte NutriNet-Santé, inclut prospectivement une grande population d’adultes. Les cas d’acné ont été identifiés à partir d’un auto-questionnaire soumis en 11/2018 à l’ensemble de la cohorte. Nous avons divisé les « nutrinautes » en 3 groupes–ceux dont l’acné était toujours présente, ceux dont l’acné était résolue et ceux n’ayant jamais eu d’acné afin de comparer leurs consommations alimentaires et leurs apports nutritionnels. Les apports alimentaires étaient estimés pour chacun des groupes à l’aide de la moyenne de consommation par aliment et nutriment dans au moins trois enquêtes alimentaires (une enquête alimentaire équivalant à trois recueils de 24heures). Différentes variables potentiellement confondantes telles que facteurs socio-démographiques (âge, sexe, activité physique, IMC, tabac, niveau d’études), antécédents cardiovasculaires, cancer, diabète et dépression étaient prises en compte dans les modèles multi-ajustés de régression logistique multinomiale.

Un total de 24 582 nutrinautes étaient inclus dans cette analyse (dont 18 327 femmes, 75 %), âgés en moyenne de 57 ans (écart-type : 14 ans) ; 2 201 (11 %) déclaraient avoir encore de l’acné. En analyse multivariée, après ajustement sur tous les facteurs confondants, il existait une relation significative entre la présence de l’acné et la consommation de (1) produits gras et sucrés, (2) d’aliments à bases de céréales non complètes, (3) d’apport en glucides, (4) d’au moins un verre de lait par jour (respectivement OR pour 100 grammes supplémentaire des précédents aliments de 1,52 (1,15–2,00), 1,69 (1,12–2,55), 1,43 (1,06–1,93) et 1,28 (1,02–1,61).

Les apports alimentaires des nutrinautes ayant de l’acné à l’âge adulte s’avèrent être globalement plus riches en sucres et présentent des similitudes avec le comportement alimentaire des adolescents français. Une synthèse accrue d’insuline et de facteur de croissance analogue à l’insuline (IGF-1), résultant potentiellement de ce comportement alimentaire riche en glucides, est discutée comme inducteur dans la physiopathologie de l’acné. L’acné de l’adulte concernant principalement les femmes, des analyses en sous-groupe chez les femmes seront réalisées afin de prendre en compte des facteurs hormonaux.

Au vu des résultats et des mécanismes supposant l’implication de l’alimentation occidentale sur le développement de l’acné, une alimentation à charge glycémique normale pourrait être proposée pour prévenir l’apparition ou le maintien de l’acné à l’âge adulte.