L’incidence des lésions pigmentées génitales masculines est relativement méconnu, notre étude est la première sur le sujet. Leur recherche a pour but d’identifier un éventuel mélanome. Les mélanomes des organes génitaux externes représentent près de 50 % des mélanomes muqueux, avec un pronostic encore sombre. L’objectif de notre étude est d’évaluer l’incidence des lésions pigmentées génitales chez l’homme.

Nous rapportons les données de l’étude EvE, prospective, observationnelle concernant la réalisation systématique d’un examen génital, comme recommandé par l’HAS, chez les patients consultant en dermatologie pour surveillance de nævus ou antécédent de cancers cutanés entre octobre 2017 et octobre 2018. En cas de lésion pigmentée objectivée, un examen en dermatoscopie et en microscopie confocale étaient réalisés pour conforter le diagnostic. En dernier recours, une histologie était faite.

L’étude réalisée après consentement a mis en évidence une incidence de 23,35 % soit 353 patients.

Dans 47,6 % des cas, les lésions multiples étaient multiples. L’incidence des lentigos étaient de 17,33 % (n=262), des nævus de 4,50 % (n=68), des mélanoses de 1,12 % (n=17) et des kératoses séborrhéiques de 0,73 % (n=11). Aucun mélanome n’était trouvé. Les lésions étaient principalement situées sur le fourreau de la verge (n=217), le scrotum (n=94), le gland (n=89), le prépuce cutané (n=26) et le prépuce muqueux (n=25).

L’examen systématique des organes génitaux est peu réalisé en pratique. L’incidence des lésions pigmentées génitales masculines est méconnue. Dans notre étude, l’incidence est élevée chez les hommes, près d’un homme sur 4 présente des pigmentations génitales. Cette étude nous a permis une analyse en pratique dermatologique réelle standard lors d’une consultation non spécifique. Elle conforte l’intérêt d’un contrôle génital systématique.

Même si le diagnostic de lentigo est le plus fréquent, le dépistage des lésions pigmentées génitales est primordial pour dépister précocement le mélanome dont le pronostic reste encore sombre car de diagnostic tardif. La connaissance de l’incidence de ces lésions doit conduire à un examen génital systématique en pratique courante, comme recommandé par la HAS, afin d’en assurer une meilleure surveillance.