Macrochéilite chronique : étude clinicopathologique et profil étiologique à travers une série de 47 patients - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
La macrochéilite se présente comme un œdème labial d’étiologies variées. Elle constitue souvent un défi diagnostique et thérapeutique. Les données sur ce sujet sont rares, limitées aux chéilites granulomateuses.
Le but de cette étude était de définir le spectre épidémiologique, histologique et étiologique des macrochéilites chroniques (MC) en Tunisie.
Matériel et méthodes |
Nous avons effectué une étude clinicopathologique de tous les patients atteints de MC vus dans service de dermatologie au cours des 17 dernières années (de janvier 2002 à décembre 2018). La MC était définie comme une augmentation de volume, d’une ou des deux lèvres, persistante pendant au moins 60jours. Une étude descriptive et analytique a été réalisée.
Résultats |
Quarante-sept patients étaient inclus. La majorité des patients était des femmes (74,5 %). L’âge moyen était de 39,7 ans avec des extrêmes de 5 à 78 ans. L’augmentation de volume affectait la lèvre inférieure dans 40,4 % des cas, supérieure dans 36,2 % des cas, et les deux lèvres dans 23,4 % des cas. Une étude histologique était réalisée dans 76,6 % des cas et montrait un infiltrat granulomateux dans 72,2 % des cas. Les étiologies identifiées étaient une leishmaniose (20 cas), une chéilite granulomateuse de Miescher (10 cas), un syndrome de Melkersson–Rosenthal (5 cas), une sarcoïdose (5 cas), une lèpre lépromateuse (1 cas), une amylose systémique (1 cas), et une maladie de Crohn (1 cas). Dans 4 cas, la MC était non étiquetée. Les ulcérations étaient associées de manière significative à la leishmaniose (p<0,05). La stratégie thérapeutique dépendait essentiellement de l’étiologie sous-jacente : un traitement médical (21,6 %), systémique (70,3 %) ou l’association d’un traitement local et systémique (2,7 %). Une chéiloplastie était réalisée dans 2 cas. Une amélioration de la MC était notée chez 85,2 % des patients et une stabilisation chez 14,8 %. Les récidives étaient notées dans 3 cas après une régression complète de la macrochéilite.
Discussion |
Les MC constituent un véritable challenge diagnostique et thérapeutique. Dans notre série, la plus grande de la littérature, la leishmaniose était la cause la plus fréquente de MC. Elle doit être suspectée en particulier en cas d’ulcération. Les pathologies inflammatoires, qui représentent la cause la plus fréquente de MC dans les pays développés, étaient la deuxième étiologie dans notre série. Dans cette étude, la MC était révélatrice d’une maladie sévère dans 8 cas. Le diagnostic de maladie de Crohn doit être évoqué devant toute MC associée à des signes digestifs.
Conclusion |
Le diagnostic étiologique des MC repose sur un faisceau d’arguments cliniques, paracliniques et évolutifs. Dans les pays à forte endémicité et en présence d’une ulcération, un examen parasitologique doit être réalisé pour rechercher une leishmaniose. Le traitement reste décevant et les récidives sont fréquentes.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Chéilite granulomateuse, Leishmaniose, Macrochéilite
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A139 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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