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Dermatose perforante et sorafénib - 20/11/19

Doi : 10.1016/j.annder.2019.09.293 
Q. Rubod 1, , M. Jordan 1, C. Mangold 1, B. Bonniaud 1, G. Jeudy 1, E. Collet 1, A. Minello 2, S. Dalac 1
1 Dermatologie 
2 Hépato-gastro-entérologie, CHU, Dijon, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les dermatoses à élimination transépidermique (dermatoses perforantes) sont définies par la migration transépithéliale de structures dermiques. Nous rapportons ici le cas d’une forme survenue sous sorafénib (inhibiteur multikinase).

Observations

Un homme de 51 ans consultait pour l’apparition en mars 2019 de nodules douloureux des membres inférieurs et des fesses, d’évolution nécrotique. Il était traité depuis août 2018 par sorafénib pour un carcinome hépatocellulaire infiltrant avec thrombose porte tumorale. Ses autres antécédents comportaient un diabète de type 2 sous insuline, une maladie de Basedow traitée par carbimazole et lévothyroxine et un psoriasis en plaque des membres supérieurs.

Le patient était apyrétique. L’éruption était faite de papules et nodules violacées, au centre nécrotique, hyperalgiques. Certaines lésions hyperkératosiques pouvaient faire évoquer un psoriasis. La biopsie d’une lésion mettait en évidence en coloration HES un cratère endophytique avec invagination de l’épiderme surmonté d’un clou hyperkératosique. La coloration à l’orcéine distinguait par endroit une verticalisation des fibres élastiques, posant le diagnostic de dermatose à élimination transépidermique. Un arrêt de 1 mois du sorafénib permettait la régression des nodules. La reprise du sorafénib à pleine dose entraînait une réaggravation rapide de l’éruption. Le patient souhaitait stopper de nouveau ce traitement car l’éruption était trop douloureuse et l’arrêt était validé de manière collégiale avec les gastro-entérologues.

Discussion

Le matériel dermique expulsé est souvent polymorphe (fibres élastiques, collagène…). Une association pathologique avec des maladies chroniques est classique (86,4 %) : insuffisance rénale chronique (72,7 %), diabète (50 %). On note aussi une association avec certains cancers (carcinome hépatocellulaire, carcinome rénal), lymphomes et certaines maladies infectieuses.

Dans la littérature, le rôle des traumatismes comme facteurs favorisant la survenue des lésions a été mis en évidence chez 3 patients traités par sorafénib. Le sorafénib, inhibiteur des métalloprotéases, entraîne une diminution de la dégradation des fibres élastiques, à l’origine de la formation des lésions.

Il n’existe pas de consensus concernant la prise en charge des dermatoses perforantes et les traitements topiques (dermocorticoïdes, rétinoïdes) sont souvent inefficaces.

Un cas de dermatose perforante a été traité par isotrétinoïne, permettant en 5 mois une régression des lésions avec un maintien du traitement par sorafénib.

Conclusion

La dermatose perforante induite par le sorafénib est rare. Sa prise en charge est mal codifiée, l’arrêt du traitement inducteur permet la guérison mais ne doit pas être systématique en raison du bénéfice oncologique. Dans notre cas, même si le traitement par sorafénib était efficace sur le carcinome hépatocellulaire multifocal il a été décidé avec le patient de ne pas le reprendre à cause des effets indésirables cutanés.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Élimination transépidermique, Dermatose perforante, Sorafénib


Plan


 Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.293.


© 2019  Publié par Elsevier Masson SAS.
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Vol 146 - N° 12S

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