La dépigmentation cutanée volontaire chez les adolescents à peaux foncées : résultats d’une enquête CAP à Abidjan (Côte d’Ivoire) - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
La dépigmentation cutanée volontaire (DCV) est une pratique par laquelle une personne de sa propre initiative s’emploie à diminuer la pigmentation physiologique de sa peau. Cette pratique est répandue dans les populations noires d’Afrique sub-saharienne, notamment la population féminine. La prévalence est de 25 % à Bamako au Mali, 67 % à Dakar au Sénégal et 53 % à Abidjan en Côte d’Ivoire. La DCV est observée de plus en plus chez une population plus jeune, les adolescents. Cette étude a été menée dans le but de déterminer les connaissances, les attitudes et les modalités pratiques sur la DCV en vue de prévenir cette pratique au sein de cette population.
Matériel et méthodes |
Notre étude était de type transversal et s’est déroulée sur une période de 7jours dans un lycée d’Abidjan. La population d’étude était constituée d’élèves. Était inclus dans l’étude tout adolescent âgé de 13 à 18 ans, inscrit dans une classe de seconde, première ou terminale et suivant activement les cours. Des questionnaires anonymes ont été remis aux élèves après information et consentement éclairé. Les différents thèmes abordés étaient : la connaissance générale sur la dépigmentation, ses modalités pratiques ; les produits utilisés, leurs conséquences sanitaires néfastes, les motivations de la pratique et les moyens de lutte éventuels souhaités.
Résultats |
Au total, 1725 élèves ont été inclus avec une prédominance féminine (60 %) et un sex-ratio (H/F) de 0,7. Parmi eux, 93,4 % avaient déjà entendu parler de la DCV par les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp) dans 62 % des cas, la presse écrite (45 %), les amis et connaissance (38 %). Quatre-vingt-trois pour cent des adolescents ont défini la DCV comme une pratique qu’une personne utilise pour éclaircir son teint naturel. Les filles étaient les plus concernées (96 %) par cette pratique. L’eau de javel était le produit le plus utilisé selon 60,7 % des filles et 54,9 % des garçons, suivie du mercure, de l’hydroquinone et enfin des dermocorticoïdes. La forme galénique la plus utilisée était les pommades (90,8 %), suivie des savons (77,3 %) et lotions (47,9 %). Les complications de cette pratique étaient connues de 93,1 % des adolescents, dominées selon eux par les maladies de la peau (64,5 %). Les adolescents pratiquant la DCV auraient été motivés par leurs amis proches (58,7 %), dans le but de séduire les hommes/femmes (56,6 %), être à la mode (53,8 %). La grande majorité (93 %) a reconnu que cette pratique était néfaste et dangereuse et était à éviter (80,5 %). Quatre-vingt-un pour cent des adolescents ont souhaité la tenue de caravane de sensibilisation dans les écoles sur les dangers de la DCV, ou de clubs de santé pour lutter contre cette pratique.
Conclusion |
Des campagnes de sensibilisation semblent nécessaires dans les lycées et collèges afin de limiter, voire éradiquer la pratique de la DCV à Abidjan, en inculquant des comportements plus sains dès l’adolescence.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Dépigmentation cutanée volontaire, Peau noire
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A236 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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