Le mois de ramadan affecte-t-il l’observance des traitements locaux en dermatologie chez les patients musulmans ? - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Le mois de ramadan est un des cinq piliers de l’Islam. Il impose entre autre aux musulmans de jeûner du lever au coucher du soleil. Les personnes atteintes de maladies physiques ou mentales en sont dispensées. Malgré ces exemptions, la volonté de jeûner des patients entraîne des problèmes d’observance pour les traitements systémiques. Qu’en est-il des traitements locaux ?
Matériel et méthodes |
Étude observationnelle monocentrique réalisée au centre hospitalo-universitaire de Marrakech à travers un questionnaire traduit en arabe dialectal, sur un échantillon de 150 patients musulmans en âge et capacité de jeûner et dont la pathologie nécessitait un traitement local.
Résultats |
Cinquante-neuf hommes et 91 femmes ont été interrogés. Quarante-huit pour cent des motifs de consultation étaient représentés par le psoriasis, les onychomycoses, l’eczéma, l’acné et les mycoses cutanées. Parmi les répondeurs, 92 % affirmaient qu’utiliser un traitement par crème n’interférait pas avec le jeûne et 88 % répondaient que même dans le cas contraire, ils accepteraient de l’appliquer s’il y avait prescription. Les infiltrations locales étaient jugées incompatibles avec le jeûne pour 12 %. Les produits cosmétiques étaient à éviter pendant cette période pour 22 % car jugés « embellissant ». Tous les répondeurs étaient d’avis que l’usage de dermocorticoïdes et d’antifongiques locaux était toléré et nécessaire. Les solutions filmogènes étaient incompatibles avec la pratique des ablutions pour 38 %. La photothérapie ne semblait poser de problème à aucun des répondeurs.
Discussion |
L’importance du mois de ramadan et du jeûne dans les pays musulmans a conduit à adapter les protocoles thérapeutiques par voix systémique. Pour les traitements topiques, très peu de données sur les opinions et pratiques des patients sont disponibles. Une étude réalisée en 2012 sur 100 patients musulmans vivants en Angleterre montre que plus d’un tiers n’utiliseraient pas de traitement topique durant cette période et un autre tiers admettent que si ce traitement pouvait rompre leur jeûne, ils ne l’appliqueraient pas. Par ailleurs 22,6 % estimaient également que la photothérapie était à bannir durant ce mois. Ces avis étaient essentiellement trouvés chez les patients musulmans vivant en Angleterre mais nés dans un autre pays. Ces chiffres sont très éloignés de ceux de notre étude. Cela est peut-être dû à un meilleur accès à l’information dans un pays musulman, où ce genre de questions est régulièrement traité. Certains pays occidentaux tentent de pallier ces difficultés en publiant des fiches d’informations.
Conclusion |
Alors qu’il est observé par des milliards de personnes à travers le monde, le mois de ramadan génère un vrai défi de gestion thérapeutique pour de nombreux médecins. Malgré certaines croyances, les traitements locaux n’interfèrent pas avec l’observance du jeûne. Mieux comprendre les comportements actuels permettrait aux dermatologues de mieux encadrer leurs patients.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Jeûne, Observance thérapeutique, Ramadan, Traitements locaux
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A237-A238 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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