Lupus érythémateux systémique des DOM-TOM et histoplasmose - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Chez les patients immunodéprimés, l’histoplasmose disséminée (HD) peut mettre en jeu le pronostic vital. Nous en rapportons 2 cas ayant mimé des poussées de lupus érythémateux systémique (LES).
Observations |
Cas 1 : une femme de 40 ans, vivant en Guyane, suivie pour un LES, greffée rénale sous prednisone (20mg/j), tacrolimus et mycophénolate mofétil, était hospitalisée pour altération de l’état général fébrile avec diarrhée, insuffisance rénale aiguë et un nodule sous-cutané à type de panniculite du bras droit (Annexe A). Une poussée de LES était suspectée. Elle était traitée par prednisone 1mg/kg sans amélioration, avec apparition de polyarthrite, hémorragie digestive, convulsions et pneumopathie interstitielle aiguë (PIA). La coloscopie trouvait une colite ulcérée nécessitant une hémi-colectomie. L’histologie colique montrait un infiltrat de polynucléaires neutrophiles et de macrophages avec coloration de Grocott positive (+, Annexe AB). L’histologie cutanée trouvait un infiltrat granulomateux avec Grocott+et la PCR était+à H. capsulatum (Hc). La culture de la biopsie cutanée et du LBA était+à Hc à 6 semaines.
Cas 2 : une femme de 40 ans, vivant en Guadeloupe, suivie pour un LES sous prednisone 10mg/j, était hospitalisée pour une arthrite du poignet droit (Annexe AC). Une poussée de LES était suspectée. La corticothérapie était augmentée à 1mg/kg, associée à du méthotrexate puis du rituximab. Un mois après, la patiente présentait une fasciite nécrosante de la jambe gauche (Annexe AD), la persistance de la synovite et l’apparition de nodules cutanés. Le scanner thoracique montrait une PIA. Le Grocott et la PCR Hc étaient+sur les prélèvements cutanés et la PCR Hc+ sur la biopsie synoviale. La culture de la biopsie cutanée poussait à Hc à 5 semaines.
Dans les deux cas, la sérologie histoplasmose, l’antigène galactomannane (Ag GM) et les Bd-glucanes (BG) étaient négatifs. Il existait une lymphopénie CD4 chez les 2 patientes. L’évolution était favorable sous amphotéricine B liposomale relayée par itraconazole prolongé, sans rechute (6 ans et 9 mois de suivi).
Discussion |
L’histoplasmose, infection fongique endémique en Amérique, Asie et Afrique, est favorisée par l’immunosuppression chronique. Elle touche le plus souvent les poumons, le foie et la moelle osseuse mais des atteintes dermatologiques (panniculite, fasciite) et articulaires sont aussi possibles. Au cours du LES, le tableau est volontiers trompeur car les symptômes peuvent mimer une poussée de la connectivite, d’autant que la sérologie, l’Ag GM et les BG peuvent rester négatifs.
L’histologie avec colorations spéciales (surtout Grocott) et les PCR aident au diagnostic rapide. Les cultures doivent être prolongées (jusqu’à 6 semaines).
Conclusion |
Le diagnostic d’HD doit être évoqué chez des patients immunodéprimés provenant de zones endémiques présentant une poussée de LES atypique ou résistante. Devant toute lésion cutanée, la biopsie doit rester systématique avec envoi en microbiologie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Histoplasmose, Lupus systémique
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.456. |
Vol 146 - N° 12S
P. A281 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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