Ténosynovite infectieuse à Edwardsiella tarda suite à une piqûre par épine dorsale de poisson-chat - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Edwardsiella tarda (E.t.) est un bacille Gram négatif de la famille des entérobactéries présent dans les eaux claires ou stagnantes et chez de nombreux animaux, notamment les poissons chats. L’homme se contamine en se blessant en eau infectée, au contact d’animaux infectés ou en ingérant du poisson cru. Nous rapportons ici le cas d’une ténosynovite infectieuse à E.t. suite à une piqûre par épine de poisson-chat.
Observations |
Un patient de 75 ans constate suite à une journée de pêche en rivière une plaie infectée de la face antérieure de l’index gauche, d’aggravation rapide. L’état général était conservé ; il n’y avait pas de fièvre. Il existait une douleur intense de l’articulation interphalangienne proximale et de la base de l’index gauche, un aspect inflammatoire en regard et un doigt en crochet irréductible. Devant une suspicion de ténosynovite infectieuse, une exploration chirurgicale avec mise à plat des tissus nécrosés a été réalisée ; les prélèvements peropératoires ont mis en évidence un E.t. ; la recherche de mycobactérie était négative. Nous avons instauré une antibiothérapie initialement par augmentin 1g ×3/jour, puis ajouté de l’amoxicilline 1g ×3/jour devant une reprise inflammatoire. Malgré trois semaines de traitement antibiotique bien conduit, il persistait un déficit de flexion de l’index gauche, faisant réaliser une synovectomie de l’ensemble de la gaine des fléchisseurs. La bactériologie standard était stérile. L’évolution a été favorable sur le plan infectieux et fonctionnel. On notera que le patient s’était blessé par une épine de poisson-chat en le vidant de ses intestins.
Discussion |
Les infections à E.t. sont rares chez l’homme ; 80 % des cas décrits concernent des atteintes du tube digestif, en raison des nombreuses publications japonaises qui rapportent l’ingestion de poisson cru. Des manifestations extra intestinales ont été décrites, notamment des infections des tissus mous et des septicémies avec un taux de mortalité allant jusqu’à 50 %.
Des facteurs de prédisposition aux infections graves ont été décrits, pathologies hépato-biliaires, diabète, certaines néoplasies. La plupart des souches de E.t. sont sensibles aux bêta lactamines, aminosides, fluoroquinolones et tétracyclines ; 23,4 % des infections à E.t. atteignent la peau et les tissus mous. La présentation clinique est celle d’une blessure classique qui évolue rapidement sous forme d’abcès et de nécrose dans plus de 50 % cas. Le diagnostic est porté sur la culture de prélèvements locaux voire sur les hémocultures. Un débridement chirurgical précoce est indispensable et directement lié à la mortalité.
Conclusion |
Une piqûre par épine de poisson-chat doit faire rechercher une bactérie Gram négatif du tube digestif du poisson. Les infections cutanées à Edwardsiella tarda sont potentiellement à l’origine de tableaux graves avec un risque de résistance aux antibiotiques.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Edwardsiella tarda, Infection des tissus mous, Poisson-chat
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A286 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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