Les modifications dermoscopiques au cours de traitement par « checkpoint inhibitors » n’ont pas fait l’objet d’études approfondies. L’objectif de l’étude était d’évaluer les modifications dermoscopiques des lésions mélanocytaires sous anti-PD-1 et anti-CTLA-4 chez des patients atteints de mélanome. L’objectif secondaire était d’identifier une association entre changements dermoscopiques et toxicité (dont le vitiligo), et réponse tumorale.

Les patients atteints de mélanome suivis par vidéodermoscopie et traités par immunothérapie entre 01/2010 et 10/2018 ont été inclus. Les photographies dermoscopiques ont été analysées rétrospectivement avec plusieurs critères. Les patients répondeurs étaient ceux qui avaient une réponse partielle ou complète.

Le total de patients inclus était de 33, dont 23 hommes. L’âge moyen était de 59,9 ans (24 à 86 ans). La durée moyenne du suivi était de 21,3 mois ; 551 lésions ont été analysées. Le nombre médian de naevus avec aspect de « grain de poivre » par patient [écart interquartile] était significativement plus élevé chez les patients avec vitiligo (4, [2,5–11,5]) que chez ceux sans vitiligo (0, [0–2] ; p=0,003), chez ceux avec toxicité (2,5, [0–20]) que chez ceux sans toxicité (0, [0–3] ; p=0,02). La proportion médiane de naevus avec aspect en grain de poivre par patient était significativement plus élevée chez les répondeurs (15 %) que chez les non-répondeurs (0 %, p=0,029). Le nombre médian de naevus avec aspect de « grain de poivre » par patient avait tendance à être plus élevé pour les répondeurs (2,5, [0–4]) que pour les non-répondeurs (0, [0–2] ; p=0,052). La proportion médiane de naevus avec éclaircissement par patient était plus élevée chez les répondeurs que chez les non-répondeurs, tout comme c’était le cas pour la dépigmentation pseudo-cicatricielle et le voile, mais la différence n’était pas significative.

Cette étude suggère que l’aspect de « grain de poivre » est associé au vitiligo, aux toxicités immuno-médiées et à la réponse tumorale. Cet aspect de « grain de poivre » correspond à un signe dermoscopique de régression et pourrait refléter une réponse immunitaire anti-mélanocytaire chez les patients atteints de mélanome traités par immunothérapie. Il s’agit de la première étude à établir un lien entre les signes dermoscopiques de régression et la réponse tumorale, qu’il serait intéressant d’explorer davantage dans de futures études prospectives.