Évaluation de la rétention hydrosodée liée à la corticothérapie locale forte chez des patients atteints de pemphigoïde bulleuse : RECO-PB - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
Le traitement de la pemphigoïde bulleuse (PB) repose actuellement sur une corticothérapie locale (CL) forte. Le passage systémique de cette CL est bien démontré (Joly et al., 2009). L’objectif de l’étude a été d’évaluer si la CL forte entrainait une rétention hydrosodée chez les patients atteints de PB.
Matériel et méthodes |
Les patients ayant une PB nouvellement diagnostiquée ont été inclus prospectivement avant de débuter le traitement par CL. Les patients ayant une corticothérapie générale, une modification récente d’un traitement anti-hypertenseur, un régime sans sel, une décompensation cardiaque<6 semaines, un syndrome néphrotique, une insuffisance hépatocellulaire, une hypoalbuminémie<20g/l ont été exclus. L’évaluation d’une rétention hydrosodée a été évaluée par la mesure du volume d’eau extracellulaire (EEC) par analyse bio-impédancemétrique à J0, J7, J30. Les autres paramètres d’impédancemétrie, le poids, la taille, la pression artérielle, le BPDAI, un examen clinique à J0, J7, J30, un bilan biologique rénal, hépatique, nutritionnel, une analyse d’urine à J0, J30 ont également été recueillis.
Résultats |
Vingt-neuf patients ont été inclus ; 28 patients ont été analysés, 13 hommes (46 %), 15 femmes (54 %) d’âge moyen 81,6±9 ans. Dix-neuf patients (70 %) présentaient des antécédents cardio-vasculaires, 3 (11 %) une insuffisance rénale chronique. A l’inclusion, le poids moyen était de 72,24±14,07kg, la pression artérielle systolique moyenne de 137,07±14,6mm Hg. Dix-sept patients (61 %) présentaient une PB multibulleuse, avec en moyenne 28±47 bulles/jour. Le volume d’EEC moyen était de 18,09±4,61 L à J0, baissait après l’introduction de la CL de J0 à J7 (16,74±2,87 L à J7, p=0,037), mais ré-augmentait à J30 avec un volume proche de la valeur initiale (17,1±3,41 L, p=0,226). Nous avons observé une forte corrélation entre le volume d’EEC et le poids à J0 (r=0,8326, p<0,001), J7 (r=0,8340, p<0,001) et J30 (r=0,6727, p=0,001). La pression artérielle et la natriurèse variaient de façon inversement proportionnelle à la rétention hydrosodée entre J0 et J30.
Discussion |
Cette étude montre que la CL n’entraîne pas de rétention hydrosodée, mais à l’inverse, une mobilisation du secteur extracellulaire associée à une perte de poids lors de la première semaine de traitement, puis retour aux valeurs initiales à J30. Ce résultat peut être considéré comme étant un effet paradoxal de la CL souvent associée cliniquement à la fonte rapide des œdèmes, liés à l’inflammation cutanée. Ces résultats concordent avec les études récentes portant sur les effets secondaires de la corticothérapie générale qui remettent en cause les mécanismes minéralocorticoïdes dans l’hypertension artérielle liée à la corticothérapie.
Conclusion |
Nos résultats n’incitent donc pas à prescrire un régime hyposodé associé à la CL forte chez les patients atteints de PB, qui sont de plus souvent très dénutris.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Corticothérapie, Pemphigoïde bulleuse, Régime
Plan
Vol 146 - N° 12S
P. A95-A96 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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