La séparation est une expérience dont aucune existence humaine n’est à l’abri. C’est une condition de l’avènement de l’individu, et il y a une véritable dialectique entre la nécessité de séparation et la nécessité de pouvoir y survivre. C’est toute la difficulté de la vie que de devoir incessamment se séparer et survivre. La séparation est chargée d’un potentiel destructeur vis-à-vis de l’objet comme du sujet.

La conduite addictive permet une tentative de dégagement vis-à-vis de cette menace dans une perspective de survie psychique, et si les travaux concernant les conduites addictives de l’adolescent sont nombreux, cela est loin d’être le cas pour les sujets vieillissants. Si l’une de nos projections concernant la personne âgée est qu’elle représente le modèle du deuil pour la société, une autre de nos projections est de ne pouvoir imaginer qu’une conduite addictive pourrait démarrer à ces âges…

L’addiction signe la souffrance de nos sociétés, de leurs contradictions entre le principe de plaisir et le code de contenance de soi et de maîtrise, au nom de l’insertion et de l’efficacité. Comment peut-on exister sans être performant ? Comment peut-on exister en étant vieux ? Comment et pourquoi le sujet âgé ne pourrait-il pas être addicté ?

Alors que le jeune développe son imaginaire sur l’avenir, l’âgé se tourne vers son passé pour se donner une raison d’être. Il est écartelé entre la nécessité de vivre et l’impression liée à

un constat réaliste ou induit par l’environnement, d’une diminution de ses possibilités et donc de sa valeur. L’addiction transforme le manque à être en manque à avoir et chacun veut en fonction de ce qui vaut pour lui, d’où le choix, en vieillissant, de multiples addictions ou tout simplement d’un changement d’addiction socialement moins bien toléré…

Experiencing separation is part of human being’s life. This is a condition of an individual’s advent. There is a real dialectic between the necessity to separation and the necessity to survive it. That is life’s constant battle of separation and surviving. Separation is destructive for both separating parties. Addictive behaviors can be considered as a failure to successfully survive separation-individuation phase. There are many clinical studies on addictive behavior during adolescence but those on the elderly are rare.

Addiction illustrates our society’s suffering from all the uneasiness between pleasure and being in control- in the name of efficiency and social integration. How can one be without having high-performance? How can one survive being old? How and why an elderly can not show addictive behavior?

While the young dream of future to go on, the elderly live in the past. The latter are constantly struggling between the necessity to live and their image through their living environment — a real diminution of their capabilities and values.

Addiction changes this lack of value into a withdrawal symptom. Depending on the old person’s value system, they tend to go through several addictive behaviors. This could be interpreted as a good way to replace one addictive behavior — perhaps sociably inacceptable — with another one.