Utilisation de la cartographie électro-anatomique tridimensionnelle pour le traitement interventionnel d’un flutter atrial par radiofréquence chez un Golden Retriever - 10/12/19
Résumé |
Introduction |
Les tachycardies supraventriculaires (TSV) sont des troubles du rythme fréquents chez le chien. Lorsqu’elles sont graves, elles peuvent engendrer des dysfonctionnements myocardiques et aboutir à une insuffisance cardiaque. Ces tachycardiomyopathies sont réversibles lorsqu’un contrôle adéquat du rythme cardiaque est obtenu. Une gestion médicamenteuse est généralement instaurée, parfois sans succès. Dans ces cas, la caractérisation de l’arythmie lors d’une étude électrophysiologique et l’ablation de celle-ci par radiofréquence est recommandée. La technique d’ablation par radiofréquence a été bien décrite chez le chien, mais rares sont encore les centres qui la pratiquent dans le monde. De plus les techniques décrites utilisent la fluoroscopie comme outil de guidage, ce qui fournit des informations anatomiques limitées. Chez l’homme, la cartographie (mapping) électro-anatomique tridimensionnelle (3D) a été développée afin d’optimiser les ablations en créant des cartes 3D des cavités cardiaques. Le cathéter d’ablation navigue ainsi au sein du cœur et permet d’identifier avec précision les foyers potentiels d’arythmie. L’affichage tridimensionnel montre à la fois l’activation électrique et les repères anatomiques comme les valves et les gros vaisseaux. Une imagerie par résonance magnétique (IRM) cardiaque préprocédure est également de plus en plus utilisée pour planifier les ablations, diminuer le temps de fluoroscopie et évaluer les lésions d’ablation post-procédure. Le but de notre étude était d’étudier la faisabilité de l’application de ces techniques chez le chien.
Historique |
Un chien Golden Retriever mâle de 3 ans est référé pour un abattement d’apparition brutale lié à une tachycardie (280–300 bpm).
Examen clinique |
Le chien est abattu avec une note d’état corporel diminuée (NEC=2/5). Une tachycardie (>250 bpm) est relevée, associée à un pouls fémoral faible et non concordant ainsi qu’une tachypnée (60 mpm).
Démarche diagnostique |
Afin d’explorer la tachycardie, un électrocardiogramme (ECG) est réalisé. Il révèle une tachycardie supraventriculaire sans que la nature exacte de celle-ci puisse être déterminée. La cause de cette arythmie est alors recherchée. À l’échocardiographie, l’hypothèse d’une tachycardiomyopathie est privilégiée. Les examens sanguins ne sont pas en faveur d’une myocardite active. Malgré les traitements anti-arythmiques (sotalol, flécaïnide), l’examen Holter de 24h révèle que l’arythmie n’est pas suffisamment contrôlée : 642 épisodes de tachycardie supraventriculaire et 19 épisodes de tachycardie ventriculaire sont constatés. Une étude électrophysiologique couplée à une IRM cardiaque est alors planifiée pour identifier l’origine de cette arythmie et en tenter l’ablation.
Traitement |
Sous anesthésie générale, une IRM cardiaque a d’abord été réalisée afin d’étudier l’anatomie spécifique du patient. Les images obtenues ont été analysées puis transférées via un logiciel spécifique (MUSIC ND) à un programme de cartographie 3D (CARTO®). Une étude électrophysiologique a ensuite été réalisée et intégrée au fur et à mesure sur le cœur du patient modélisé en 3D par IRM. Pour ce faire, des cathéters introduits par voie veineuse fémorale enregistrent des électrocardiogrammes intracardiaques. Ils permettent de confirmer la présence d’un flutter atrial typique dont l’ablation a été réalisée par radiofréquence. Le réveil s’est déroulé sans anomalie. Le chien est sorti d’hospitalisation sous Sotalol. Son suivi montre un bon état général et le Holter postopératoire confirme un bon contrôle de l’arythmie.
Discussion |
À notre connaissance, cette étude décrit le premier cas canin d’ablation de tachycardie supraventriculaire guidée par cartographie électro-anatomique 3D et IRM cardiaque. La plupart des cas de tachycardies supraventriculaires chez le chien sont traités médicalement. Les alternatives thérapeutiques incluent un contrôle du rythme (cardioversion ; sotalol, amiodarone) ou de la fréquence cardiaque (digoxine, diltiazem). En l’absence de contrôle satisfaisant, une étude électrophysiologique permet de préciser la nature exacte de l’arythmie, qui n’est souvent que suspectée avec les ECG de surface. Elle seule permet de caractériser les mécanismes et substrats d’arythmies complexes et en tenter l’ablation. Cette procédure permet une amélioration de la fonction cardiaque et un arrêt des traitements lorsqu’elle est totale. La technique décrite ici permet d’améliorer et de faciliter la cartographie et l’ablation des arythmies, notamment les plus complexes.
Conclusion |
Cette étude suggère que la cartographie tridimensionnelle électro-anatomique et la planification par IRM sont réalisables chez les patients canins. Ces techniques pourraient améliorer le traitement des arythmies complexes. Il s’agit à notre connaissance de la première description de cette technique en médecine vétérinaire.
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Vol 54 - N° 3-4
P. 129 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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