Malgré une prévalence importante de l’hémoptysie au sein des patients atteints de mucoviscidose, on retrouve peu d’études s’intéressant à celle-ci, hors hémoptysie massive. L’objectif principal de notre étude était d’étudier les caractéristiques des patients ayant présenté une hémoptysie de faible ou moyenne abondance, et de rechercher des facteurs prédictifs de survenue d’une hémoptysie massive au sein de cette population.

Nous avons réalisé une étude rétrospective monocentrique au sein du CHU de Lille, incluant des patients ayant présenté une hémoptysie initialement faible ou de moyenne abondance sur la dernière décennie, définie par un volume inférieur à 100mL/24h. Les patients ayant présenté ultérieurement une hémoptysie massive (volume supérieur à 100mL) ont été comparés aux patients n’ayant pas présenté ce type d’épisode.

Soixante-deux patients ont été inclus, dont 15 ont par la suite présenté une hémoptysie massive. L’âge moyen de survenue du 1^er épisode d’hémoptysie était de 25,3 ans (±10,2). La valeur moyenne du VEMS au premier épisode d’hémoptysie était de 60,9 %±24,2 de la valeur théorique, et de 52,2 %±23 au moment de l’hémoptysie massive. L’IMC était plus faible dans le groupe hémoptysie massive : 18,4kg/m²±2,7 contre 20,1kg/m²±2,2 (p=0,027). Les principaux facteurs associés à la survenue d’une hémoptysie massive étaient l’atteinte hépatique (HR à 5,80, p=0,004), la présence d’une thrombopénie (HR à 14,35, p=0,004), d’une dénutrition (HR à 2,99, p=0,044) et d’une ABPA (p=0,052) lors du premier épisode d’hémoptysie, ainsi qu’un nombre de récidives supérieur à huit au cours du suivi (p=0,003). Nous avons retrouvé une chute du VEMS de 19,6 % (p=0,0002) entre le premier épisode d’hémoptysie et le moment de l’hémoptysie massive.

La présence d’une dénutrition, d’une atteinte hépatique, d’une thrombopénie et d’un nombre important de récidives sont associées à la survenue d’une hémoptysie massive au sein de patients ayant un antécédent d’hémoptysie de faible ou moyenne abondance. L’ABPA semble également être un facteur de risque. La prise en charge de ces facteurs est donc primordiale dans le but d’améliorer la morbi-mortalité dans la mucoviscidose.