Le passage à l’acte homicidaire inaugural : mythe ou réalité clinique ? - 18/01/20
Homicide as the inaugural symptom for psychiatric disorder: Truth or myth?
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder
Résumé |
Objectifs |
Si le crime inaugural, décrit comme un passage à l’acte immotivé, brutal, irrationnel, signant l’entrée dans la maladie, est une notion classiquement retrouvée dans la littérature de la première moitié du XXe siècle, elle n’est plus abordée dans les articles scientifiques contemporains. Cette absence nous questionne : cette forme homicidaire est-elle un mythe ou une réalité clinique ?
Méthode |
Après une revue de la littérature internationale, nous présentons les résultats d’une étude descriptive rétrospective réalisée à l’Unité pour Malades Difficiles Henri-Colin sur l’ensemble des patients admis au cours des dix dernières années dans les suites d’un passage à l’acte homicidaire commis en amont de toute prise en charge psychiatrique. Deux vignettes cliniques viennent ensuite illustrer nos résultats.
Résultats |
La grande majorité des 19 patients de notre étude sont des hommes (94,8 %) jeunes (31,4 ans en moyenne), célibataires (63,1 %), sans emploi (63,1 %). Ils souffrent de schizophrénie paranoïde (63,1 %), avec une comorbidité addictologique associée (73,7 %), et passent à l’acte dans un contexte délirant (94,7 %). Les thématiques sont essentiellement persécutive mais également mystique et mégalomaniaque. La plupart des patients (89,5 %) présentent des troubles évoluant depuis plusieurs mois et même plusieurs années.
Discussion |
La revue de la littérature contemporaine et les résultats de notre étude viennent largement nuancer la notion de crime inaugural. En effet, si les passages à l’acte étudiés signent l’entrée dans une prise en charge psychiatrique, ils viennent généralement révéler des troubles d’évolution chronique passés jusque là inaperçus. Différentes hypothèses peuvent être faites concernant ce retard dans l’accès aux soins : la symptomatologie présentée par le patient, son refus de consulter, son milieu de vie ou son isolement socio-affectif.
Conclusion |
Aucune spécificité particulière n’est mise en évidence concernant ces passages à l’acte homicidaires commis en amont de toute prise en charge psychiatrique, tant sur le plan sociodémographique, que clinique ou criminologique. L’axe de réflexion et de prévention repose donc sur le repérage et l’intervention précoces dans le cadre des troubles psychiatriques, notamment du registre psychotique.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Objectives |
Literature from the first half of the twentieth century describes unmotivated, brutal, irrational homicides, committed at the onset of a psychiatric illness, without precursor symptoms. This description is no longer found in contemporary scientific articles. Is homicide as the inaugural symptom for psychiatric disorder a truth or a myth?
Methods |
After reviewing international publications, the results of a retrospective descriptive study are presented. This study aimed to describe the patients who were admitted to a French secure unit (Henri Colin) over the past ten years after a homicide committed prior to any psychiatric care. Finally, two clinical cases illustrate these results.
Results |
Among the 19 patients, the large majority are men (94.8%), young adults (31.4 years on average), single (63.1%), and unemployed (63.1%). They have paranoid schizophrenia (63%), abuse substances (73.7%), and committed homicide in a delusional context. The offenders essentially suffer persecutory delusions but also religious and grandiose delusions. Most patients (89.5%) have disorders which have progressed for several months or even several years.
Discussion |
The contemporary literature and the results of our study nuance the notion of homicide as the inaugural symptom for mental illness. Indeed, if the aggressors never had contact with mental health services before committing the homicide, they generally suffered from chronic disorders that had previously gone unnoticed. Different hypotheses can explain this delay in access to care: the patient's symptoms, his refusal to consult, his environment, or his socio-emotional isolation.
Conclusions |
No particular sociodemographic, clinical, or criminological specificity is highlighted concerning homicides committed before any psychiatric care. Reflection and prevention are therefore based on early identification and intervention in the case of psychiatric disorders, particularly psychotic disorders.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Homicide, Pathologie psychiatrique, Psychose, Schizophrénie, Début de prise en charge, Unité pour Malades Difficiles, Psychiatrie légale
Keywords : Homicide, Mental illness, Psychosis, Schizophrenia, First contact with mental health services, Secure unit, Forensic psychiatry
Plan
☆ | Toute référence à cet article doit porter mention : Azoulay M, Obadia S, Raymond S. Le passage à l’acte homicidaire inaugural : Mythe ou réalité clinique ? Evol psychiatr 2020; 85(2): pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique). |
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