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Les réactions d’hypersensibilité aux antalgiques non opiacés, antipyrétiques et anti-inflammatoires non stéroïdiens - 13/02/20

Hypersensitivity reactions to non-opioid analgesics, antipyretics and nonsteroidal anti-inflammatory drugs

Doi : 10.1016/j.reval.2020.01.003 
C. Ponvert
 Service de pneumo-allergologie pédiatrique, faculté de médecine, université Paris-Descartes, hôpital Necker-Enfants malades, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France 

Sous presse. Épreuves corrigées par l'auteur. Disponible en ligne depuis le Thursday 13 February 2020
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder

Résumé

Bien que les études épidémiologiques indiquent que la prévalence des réactions présumées allergiques aux antalgiques non-opiacés, antipyrétiques et anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) est faible chez les enfants et adolescents, ces médicaments représentent la seconde cause d’hypersensibilité (HS) médicamenteuse présumée dans cette tranche d’âge, après les médicaments anti-infectieux. Les réactions les plus fréquemment rapportées sont des urticaires et/ou angio-œdèmes. Viennent ensuite des réactions respiratoires (rhinite et/ou asthme) et, beaucoup plus rarement, des réactions anaphylactiques ou des toxidermies (potentiellement) sévères, même si les AINS représentent la 1re ou 2e famille de médicaments inducteurs de réactions anaphylactiques et la 3e famille de médicaments inducteurs de toxidermies sévères, que ce soit chez l’enfant ou l’adulte. Les réactions peuvent résulter d’une HS allergique (spécifique d’un médicament ou des médicaments d’une même famille chimique). Le diagnostic de ces réactions, qui peuvent être immédiates ou très rapides (IgE-médiées) ou plus tardives (médiées par des lymphocytes T), repose essentiellement sur l’histoire clinique des patients et/ou la positivité des tests de réintroduction/provocation médicamenteuse (TPM) avec le médicament suspect et les médicaments proches, et la tolérance des AINS des autres familles chimiques. Si, aux concentrations non irritantes, les tests cutanés (TC) à lecture immédiate ou retardée ont une bonne spécificité, leur sensibilité est très faible (usuellement 25–30 %), et ces tests ne sont pas validés. Les réactions peuvent aussi résulter d’une hypersensibilité non-spécifique/non-allergique (« intolérance » pharmacologique), avec des réactivités croisées fréquentes entre les divers antalgiques, antipyrétiques et AINS, paracétamol inclus. Ces réactions aux AINS peuvent se développer chez des patients sans prédisposition particulière (réactions induites par les AINS), mais peuvent aussi s’inscrire dans le cadre de pathologies pré-existantes (urticaire/œdème chronique/récidivant ; rhinite et/ou asthme±polypose nasosinusienne : réactions exacerbées par les AINS). Le diagnostic de ces réactions d’HS non-allergique, souvent moins graves que celles résultant d’une HS allergique, ne repose bien évidemment pas sur les TC, mais sur une histoire clinique convaincante et/ou les résultats des TPM. Les bilans effectués chez les patients, rapportant des réactions (de type) allergique aux antalgiques, antipyrétiques et AINS, montrent que 13 à 50 % de ces patients sont réellement atteints d’une HS (allergique ou non allergique) à ces médicaments, les principaux facteurs de risque étant une atopie personnelle et l’âge. Si, chez les adultes, les réactions d’HS non-allergique semblent être les plus fréquentes (≈70–75 %), diverses études plus ou moins récentes, dont certaines ayant porté sur plusieurs centaines d’enfants, suggèrent que, chez ces derniers, les réactions d’HS allergique seraient plus fréquentes (≈50–70 %) que les réactions d’HS non-allergique. Chez les enfants atteints d’HS allergique aux antalgiques, antipyrétiques et AINS, comme chez les adultes, la prévention des récidives repose sur l’administration de substances d’autres familles chimiques. Chez les patients atteints d’HS non-allergique, elle repose sur l’administration de médicaments faiblement inhibiteurs de la cyclo-oxygénase-1, sous réserve que leur tolérance ait été vérifiée sur la base de l’histoire clinique des enfants ou des TPM. Les méthodes d’accoutumance (induction de tolérance), plutôt efficaces chez les patients rapportant des réactions respiratoires, paraissent moins efficaces chez ceux qui rapportent des réactions cutanéo-muqueuses et anaphylactiques. Enfin, les résultats d’une étude récente menée chez des adultes suggèrent fortement que les réactions d’HS non-allergique aux AINS pourraient guérir spontanément en quelques années, notamment chez les patients rapportant des réactions initiales peu graves.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Although epidemiological studies indicate that the prevalence of suspected allergic reactions to non-opioid analgesics, antipyretics and non-steroidal anti-inflammatory drugs (NSAIDs) is low in children and adolescents, these drugs are the second cause of suspected hypersensitivity (HS) reactions in young patients. Most frequent reactions are cutaneous (urticaria, angiœdema) and respiratory (rhinitis, asthma). Other reactions (anaphylaxis, potentially harmful toxidermias) are rare, although NSAIDs are the 1st or 2nd cause of drug-induced anaphylaxis, and the 3rd cause of severe cutaneous adverse reactions (SCARs) induced by drugs, either in children or in adults. Reactions may result from a specific (allergic) HS, either IgE-mediated (immediate and very early reactions) or mediated by T-lymphocytes (delayed reactions). In those patients, diagnosis is usually based on a convincing clinical history and/or drug provocation tests (DPT) showing that the patients react to the suspected drug (±other drugs in the same chemical family), but tolerate other (families of) drugs. Positive responses in prick and intradermal (ID) tests (anaphylaxis, immediate reactions) and in ID and patch tests (non-immediate reactions) with the suspected drugs may also be observed. However, although these tests have a good specificity, provided they are performed with non-irritant concentrations of the drugs, they have a very low sensitivity (usually25–30 %) and are not validated. Reactions may also result from a non-specific (non-allergic) HS (pharmacological “intolerance”), with a frequent cross-reactivity between the various chemical families of drugs, including paracetamol. Non-allergic HS to NSAIDs can occur in non-predisposed patients (NSAID-induced reactions), but also in patients with underlying pathologies (chronic/relapsing urticaria/angiœdema; rhinitis, asthma, and/or polyposis) exacerbated by NSAIDs (NSAID-exacerbated reactions). In patients with non-allergic HS, diagnosis is based on a convincing clinical history and/or responses in DPT. Based on a convincing clinical history and/or positive responses in DPT, HS (allergic or non-allergic) to non-opioid analgesics, antipyretics and NSAIDs has been diagnosed in 13 to 50 % of the patients with allergic-like reactions to these drugs. Risk factors are a personal atopy and age. In adult patients, most (≥70–75 %) of the reactions to NSAIDs are attributed to non-allergic mechanisms. However, several studies, including studies performed in several hundred of patients, strongly suggest that most HS reactions in children and adolescents result from allergic HS (≥50–70 %). Prevention of relapses is based on administration of other (families of) analgesics, antipyretics and NSAIDs in children and adults with allergic HS to these drugs. In patients with non-allergic HS, prevention is based on administration of drugs with a low cyclo-oxygenase-1 inhibitory activity (if tolerated, based on clinical history or responses in DPT). Desensitization (tolerance induction) is efficient in patients with respiratory reactions, but does not perfectly work in patients with mucocutaneous reactions and anaphylaxis. Finally, results of a recent study performed in adults strongly suggest that non-allergic HS reactions to NSAIDs could resolve within years, especially in patients reporting non-severe index reactions.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Antalgiques, Anti-inflammatoires non stéroïdiens, Antipyrétiques, Hypersensibilité allergique, Hypersensibilité non allergique, Enfant

Keywords : Antipyretics, Child, Allergic hypersensitivity, Non-allergic hypersensitivity, Non-opioid analgesics, Non-steroidal anti-inflammatory drugs


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