Exposition prolongée à de fortes doses d’acétate de cyprotérone et risque de méningiome chez la femme : une recherche-action de santé publique en France - 28/02/20
Résumé |
Introduction |
L’acétate de cyprotérone (AC) est un progestatif anti-androgène, indiqué chez la femme dans l’hirsutisme sévère. Depuis 2007 ont été rapportés des cas de patientes ayant développé des méningiomes intracrâniens après avoir utilisé de l’AC à fortes doses (25 à 100mg par jour) pendant 5 à 30 ans, souvent hors AMM. L’objectif de cette recherche-action de santé publique à l’échelle nationale était de confirmer l’existence d’un risque de méningiome lié à l’exposition à l’AC puis de le réduire par des actions.
Méthodes |
À partir du Système national des données de santé (SNDS) une étude de cohorte (2007 à 2015) a été réalisée sur la population des femmes âgées de 7 à 70 ans avec deux groupes : exposées et très faiblement exposées. Une analyse supplémentaire sur les femmes déjà exposées en 2006 a complété l’étude. L’évènement d’intérêt était une hospitalisation pour un méningiome intracrânien opéré (exérèse ou décompression) ou une radiothérapie. Le contexte d’usage du médicament a fait l’objet d’une analyse particulière. Un comité spécialisé multidisciplinaire a émis des recommandations à l’issue de l’étude. Un ensemble d’actions a été mis en œuvre au plan national dès la fin août 2018. L’impact des actions a été mesuré avec le SNDS sur une période d’une année et sera suivi trimestriellement.
Résultats |
La cohorte a concerné 253 777 femmes avec 80 % d’utilisation d’AC hors AMM, un risque relatif ajusté de méningiome chez les exposées de 6,6 [4,0–11,1], une relation dose–effet marquée HRa 21,6 [10,8–43,5] au-delà de 60 grammes d’exposition cumulée, plus de 500 cas de méningiomes attribuables à une exposition prolongée entre 2007 et 2015, et 30 % des femmes qui poursuivaient l’AC après chirurgie pour méningiome. Les actions mises en œuvre-communication, diffusion de recommandations, encadrement réglementaire, surveillance IRM systématique - ont réduit en une année de 69 % le nombre mensuel de femmes traitées par AC (49 700 à 15 300) et de 73 % les instaurations mensuelles.
Discussion/Conclusion |
La recherche a établi et quantifié le risque de méningiome associé à l’AC. Les actions réalisées ont permis une réduction majeure de l’exposition à l’AC, sans recours au retrait du médicament, qui reste en première ligne dans l’indication de l’AMM.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Méningiome, Acétate de cyprotérone, Recherche-action de santé publique, SNDS
Plan
Vol 68 - N° S1
P. S3-S4 - mars 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.