Bien que la psychopathie et ses facteurs prédictifs soient bien documentés dans des échantillons cliniques, les études dans les populations non cliniques sont relativement rares. Notre travail avait comme objectifs d’évaluer la psychopathie dans une population d’étudiants universitaires, d’analyser ses facteurs prédictifs.

Nous avons mené une étude transversale, réalisée entre mars et mai 2017, auprès de 516 étudiants universitaires affectés dans trois grandes universités de Tunis. L’évaluation de la psychopathie à l’aide de l’Échelle auto-rapportée de psychopathie de Levenson (LSRPS).

L’âge moyen des étudiants était de 22,7 ans, avec une prédominance féminine (sex-ratio à 0,58). La majorité des étudiants (81,4 %) passaient leur temps libre sur Internet alors que 11,8 % le passaient dans le travail associatif. Les scores de psychopathie étaient relativement élevés (score moyen LSRPS=64,8) sans différence notable entre les deux sexes. Les traits psychopathiques étaient significativement associés à l’établissement universitaire d’appartenance (p=0,017), au statut professionnel de la mère (p=0,038) et à la consommation de tabac (p=0,029). En outre, le score total de psychopathie était significativement plus bas chez les étudiants partageant des activités avec leurs familles (p=0,044), et chez les étudiants participant à un travail associatif (p=0,025). L’analyse multivariée par régression linéaire multiple a retenu comme facteurs prédictifs de traits psychopathiques le fait d’être l’aîné de sa fratrie et le travail associatif.

Plusieurs mesures devraient être mises en place afin de prévenir la psychopathie et ses répercussions individuelles et sociales chez les adultes jeunes en général et dans la population d’étudiants universitaires en particulier, notamment promouvoir l’activité associative en milieu universitaire.

Although psychopathy and its predictive factors are well documented in clinical samples, studies in non-clinical populations are relatively rare. We proposed to assess psychopathy traits in a population of Tunisian university students and to analyze their predictive factors.

This was a cross-sectional study of 516 university students enrolled at three major Tunisian universities (Faculty of Humanities and Social Sciences of Tunis, National Engineering School of Tunis, Faculty of Medicine of Tunis). Participants responded to a survey sheet containing sociodemographic data and the Levenson Self-Report Psychopathy Scale.

The students were female in 63.2 % of the cases, with a mean age of 22.7years. The socio-economic level was middle class in 62.4% of the cases. More than one-quarter of students (26.7%) consumed tobacco. The majority of students (81.4%) spent their free time on the Internet, while 11.8% participated in associative work. Psychopathy scores were relatively high (mean LSRPS scores=64.8) with no noticeable gender differences. Psychopathic traits were significantly associated with university (P=0.017), maternal occupational status (P=0.038), and tobacco use (P=0.029). In addition, the total psychopathy score was significantly lower among students sharing activities with their families (P=0.044) and among students participating in associational work (P=0.025). The multivariate multiple regression has retained as predictive factors of psychopathic traits the fact of being the eldest of his siblings and the associative work.

Prevention strategies should be put in place to prevent psychopathy and its individual and social impacts in young adults in general, and in university students in particular, especially promoting associative activity in the university environment which is currently lacking in our context.