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Biosurveillance des expositions professionnelles en Europe : le projet HBM4EU - 14/03/20

Occupational human biomonitoring in Europe: The HBM4 EU Project

Doi : 10.1016/j.admp.2019.12.006 
N. Fréry a, , E. Ougier b, S. Ndaw c, M. El Yamani a, C. Rousselle b
a SpFrance, Santé publique France, 94 Saint-Maurice 
b Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, 94 Maisons-Alfort 
c INRS, Institut National de Recherche et de Sécurité, 75 Paris 

Auteur correspondant.

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Résumé

Introduction

La biosurveillance des expositions professionnelles permet la surveillance et l’évaluation du risque chimique par le dosage biologique de ces substances chez les travailleurs. Ses résultats interpellent de suite les salariés et les employeurs quant à la réalité de l’exposition et l’efficacité des mesures de prévention mises en place. Utile dans une approche quotidienne en médecine du travail, elle apporte aussi un soutien aux décideurs en tant que levier d’action pour une meilleure prévention des risques en particulier au niveau européen. La Commission européenne reconnaît la pertinence de cette biosurveillance et le besoin d’une approche européenne plus harmonisée. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet européen de biosurveillance HBM4EU, Human biomonitoring for Europe. Ses Objectifs sont de favoriser l’émergence d’un réseau de partenaires et de laboratoires autour de la biosurveillance pour contribuer à l’élaboration de standards européens, d’améliorer la connaissance des expositions chimiques en Europe et de fournir des données pour faire évoluer la réglementation européenne. La biosurveillance des expositions professionnelles ainsi que la biosurveillance environnementale en population générale sont intégrées au projet. Santé publique France (Sp-France), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et l’Institut National de Recherche et de Sécurité (Inrs), contribuent à HBM4EU au sein d’un réseau d’acteurs français regroupant des structures de recherche et des parties prenantes. Un groupe de travail spécifique à la biosurveillance en santé travail a été mis en place et réunit des acteurs nationaux de 9 pays : Belgique, Finlande, France (Sp-France, Inrs), Italie, Pays-Bas/Autriche, Pologne, Portugal, Royaume-Uni, Allemagne. Plusieurs types d’action y sont menées, entre autres :

– prioriser les substances chimiques à surveiller ;

– élaborer des revues scientifiques sur les études de biosurveillance professionnelle pour certaines substances chimiques ;

– mettre en place des études coordonnées de biosurveillance professionnelle.

Cette présentation portée par trois institutions éclaire les trois étapes d’une telle approche coordonnée :

– les revues scientifiques utiles pour orienter la biosurveillance (SP-France) ;

– l’aspect pratique d’une étude de terrain, illustrée par l’exposition au chrome hexavalent (Inrs) ;

– le développement de valeurs limites biologiques pour les travailleurs (Anses). Revues scientifiques Les Revues scientifiques (basées sur la méthode PRISMA) font l’état de l’art des études de biosurveillance disponibles sur l’exposition des travailleurs à certaines substances chimiques, dont certains cancérogènes et/ou perturbateurs endocriniens (phtalates, bisphénols, hydrocarbures aromatiques polycycliques, diisocyanates). Elles permettent d’identifier les lacunes en matière de connaissances et portent en particulier sur (i) les biomarqueurs dosés et les méthodes d’analyse, (ii) les secteurs d’activité professionnelle où il y a peu ou pas de données disponibles, (iii) l’exposition à des substances anciennes ou récentes sur le marché, (iv) les pays où les données sont disponibles. L’exemple des phtalates est assez édifiant. L’utilisation de phtalates dans l’industrie a changé radicalement au cours de la dernière décennie en raison des restrictions réglementaires. Elle s’est accompagnée d’une forte diminution de l’exposition des travailleurs à d’anciens phtalates bien connus (DEHP, DnBP, etc.) dans l’industrie, mais à une exposition toujours présente dans certains secteurs comme celui des déchets et du recyclage. En revanche, les travailleurs peuvent être exposés de façon significative à de nouveaux phtalates (DiNP, DPHP ou substituts comme le DINCH), pour lesquels on ne dispose quasiment pas de données de biosurveillance. Étude de biosurveillance de l’exposition au chrome hexavalent L’étude sur les expositions au chrome hexavalent (Cr (VI)) est le premier exemple de cette approche paneuropéenne de biosurveillance en santé travail. Elle réunit huit pays et prévoit de recruter 400 travailleurs dans des activités de traitement de surface au Cr (VI) (chromage, peinture, soudage) ainsi que 200 travailleurs non exposés. L’objectif est (i) de collecter de nouvelles données sur l’exposition actuelle au Cr (VI) en Europe et (ii) d’évaluer de nouveaux indicateurs biologiques de l’exposition (IBE), comme le Cr (VI) dans le condensat de l’air exhalé et le Cr dans les globules rouges (RBC), en plus du classique Cr total urinaire. Ces données sur l’exposition seront complétées par des données sur les biomarqueurs d’effets précoces (génétiques, épigénétiques, stress oxydant, inflammation). Par ailleurs, des prélèvements atmosphériques et des prélèvements dermiques seront réalisés en parallèle pour aider à l’interprétation des résultats. La collaboration entre les différents partenaires, aux compétences variées, a conduit à l’élaboration d’un protocole d’étude complet et d’une méthodologie harmonisée pour la collecte, l’analyse et le traitement des données. Cette étude permettra d’obtenir des données plus complètes et surtout comparables pour le processus décisionnel de l’UE. Développement de valeurs guide de biosurveillance pour les travailleurs Les données issues des Revues scientifiques et les données d’études de biosurveillance sont utiles pour construire des valeurs guides. Ces valeurs guides de biosurveillance pour les travailleurs, proposées au sein du projet HBM4EU (en anglais : Human Biomonitoring Guidance Values ou HBM-GVworker), sont équivalentes dans leur définition aux valeurs limites biologiques (VLBs) recommandées par l’Anses. Ce sont des valeurs sanitaires qui visent à protéger les travailleurs des effets néfastes liés à l’exposition à l’agent chimique considéré, à moyen et/ou long terme et ce, pour une exposition répétée durant toute une vie de travail. La méthode de dérivation de ces HBM-GVworker est similaire à celle qu’applique l’Anses pour construire des VLBs, à quelques exceptions prêtes. Elle repose de façon privilégiée sur une relation quantitative entre des concentrations de biomarqueur d’exposition et des effets sanitaires caractérisée dans des études de terrain chez les travailleurs (ou à défaut, et si pertinent, d’études en population générale). En l’absence de telles données, l’HBM-GVworker est calculée à partir d’une valeur limite d’exposition professionnelle (ou à défaut d’une autre valeur toxicologique de référence établie). Enfin, en l’absence de données scientifiques permettant ces deux approches, l’HBM-GVworker est obtenue à partir de données toxicologiques animales. Les extrapolations et les incertitudes sous-jacentes à la dérivation d’une telle valeur sont assorties d’un niveau de confiance. Le processus d’élaboration de ces valeurs inclut une consultation auprès des 28 pays participant au projet ainsi qu’auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour l’obtention d’un consensus au niveau européen.

Conclusion

La biosurveillance des expositions professionnelles est un outil précieux pour améliorer la prévention du risque chimique chez les travailleurs. Le projet européen HBM4EU impulse cette approche dans toute l’Europe de façon harmonisée, avec la production et la valorisation des données de biosurveillance et leur traduction en résultats utiles aux décideurs.

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Vol 81 - N° 1

P. 59-60 - février 2020 Retour au numéro
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