La notion de privé ne se confond ni avec l’intériorité, ni avec l’intimité, ni avec la subjectivité ; et quand on cherche à la définir positivement, on ne trouve rien qui puisse lui donner quelque existence substantielle. Ce qui ne veut nullement dire que cette notion soit dépourvue de valeur pratique, éthique et politique. Son opposition avec le public ne relève pas d’un jeu dialectique, qu’il soit kantien ou hégélien ; l’espace du privé et l’espace public s’interpénètrent comme deux fonctions ou deux faisceaux de fonctions dont l’articulation est pensable par une théorie des fictions. Curieusement, si une telle théorie s’accommode plutôt d’une théorie utilitariste, les exigences auxquelles elle satisfait ne sont pas sans faire penser à la méthode des Miettes philosophiques de Kierkegaard et de leur Post-scriptum.

Privacy is not to be confused either with interiority, or with intimacy or with subjectivity ; and when one searches to define it in positive terms (and not through negations), one finds nothing to be able to give it a substantial existence. That is not to say that this notion is deprived of practical, ethical and political value. Its opposition with public life does not fall within a dialectical play, whatever Kantian or Hegelian; private space and public space interpenetrate like two functions or two ranges of functions of which structuring is thinkable by a theory of fictions. Strangely, if such a theory matches rather with a utilitarian theory, the requirements it meets are not without reminding the method of Kierkegaard's Philosophical Fragments and Post-scriptum.