Rôle de l’usage de substances psycho-actives dans la commission d’infractions pénales par les sujets atteints de schizophrénie - 07/05/20
The role of substance use disorder in the commission of criminal offenses by subjects suffering from schizophrenia
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Résumé |
Introduction |
S’il existe une association maintenant établie entre schizophrénie et violence, le rôle médiateur d’un trouble de l’usage des substances psycho-actives associé est encore débattu. Les comorbidités addictives, retrouvées chez près de la moitié des sujets schizophrènes, expliqueraient principalement la délinquance de cette population, indépendamment du trouble mental. D’autres auteurs décrivent cependant l’existence de sous-groupes de schizophrènes violents pour lesquels l’émergence de comportements violents n’est pas nécessairement associée à la prise de substances psycho-actives.
Objectif |
Le but de notre étude était d’évaluer la fréquence de trouble de l’usage de substances psycho-actives chez des sujets atteints de schizophrénie ayant commis des infractions pénales et de comparer les caractéristiques sociodémographiques, historiques, cliniques et criminologiques de ces sujets selon qu’ils présentaient un trouble de l’usage de substances psycho-actives associé ou non.
Méthode |
Nous avons mené une étude descriptive à partir d’expertises psychiatriques réalisées entre 2001 et 2018 par un expert unique dans le cadre de procédures pénales. Tous les rapports impliquant des patients souffrant de schizophrénie ont été rétrospectivement inclus dans notre étude.
Résultats |
Notre échantillon comportait 104 sujets atteints de schizophrénie et auteurs d’infractions pénales. Un trouble de l’usage de substances psycho-actives (USPA) était retrouvé chez 52 sujets (50 %). La comparaison des deux groupes ne faisait pas apparaître de différences significatives quant au type d’infractions commises. Cependant, on retrouvait des spécificités cliniques propres à chaque groupe. Ainsi, les sujets schizophrènes délinquants non-usagers de substances psycho-actives (NUSPA) présentaient significativement plus d’antécédents judiciaires de violence envers autrui (73,9 % VS 42,3 % ; p=0,026) et une symptomatologie psychotique aiguë au moment des faits (67,3 % VS 30,8 %, p<0,001). L’expert retenait majoritairement une abolition du discernement dans le groupe NUSPA (68,6 VS 32,7 ; p<0,01) et une altération du discernement chez les sujets schizophrènes usagers de substances psycho-actives (USPA) (31,4 % VS 67,3 % ; p<0,01).
Conclusions |
La moitié des délinquants schizophrènes ne présentait pas de trouble de l’usage des substances comorbide. Le risque accru de délinquance des sujets atteints de schizophrénie ne peut donc pas être uniquement attribué aux effets de l’usage de substances associé. La délinquance associée à la maladie schizophrénique, en dehors de tout usage de substances psycho-actives, présente quelques particularités justifiant la poursuite d’études plus approfondies.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Introduction |
Although the association between schizophrenia and violence has been established, the mediating role of associated substance use disorder is still debated. Addictive comorbidities, identified in almost half of people with schizophrenia, are considered to be a main explanation for delinquency in this population, regardless of the mental disorder. However, some authors describe the existence of sub-groups of subjects with schizophrenia who may be violent and for whom substance-related disorders would not always be necessary for the emergence of violent behaviors.
Objective |
The purpose of this study was to assess the frequency of substance use disorders in subjects with schizophrenia who had committed criminal offenses and to compare the socio-demographic, historical, clinical, and criminal characteristics of these subjects with and without an associated substance use disorder.
Method |
We conducted a descriptive study based on forensic reports realized between 2001 and 2018 from a single expert in criminal cases. All reports involving patients suffering from schizophrenia were retrospectively included in our study.
Results |
Our sample consisted of 104 subjects suffering from schizophrenia and having committed criminal offenses. A psychoactive substance use disorder (USPA) was found in 52 subjects (50%). There were no significant differences between the two groups in the pattern of infractions committed. However, there were clinical specificities in each group. Thus, offenders with schizophrenia who were non-users of psychoactive substances (NUSPA) had significantly more criminal history of violence against others (73.9% vs. 42.3%; p=0.026) and more acute psychotic symptoms at the time of the offense (67.3% vs. 30.8%, p<0.001). The expert more often retained an abolition of discernment in the NUSPA group (68.6 VS 32.7; p<0.01) and a diminished discernment in schizophrenic subjects using psychoactive substances (USPA) (31.4% VS 67.3%; p<0.01).
Conclusions |
Half of the schizophrenic offenders did not have a comorbid substance use disorder. The increased risk of delinquency in subjects with schizophrenia cannot only be attributed to the effects of associated substance use. There is delinquency associated with schizophrenic illness, apart from substance use, that has some specific characteristics that warrant the pursuit of further studies.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Addiction, Comorbidité, Schizophrénie, Violence, Crime, Psychiatrie légale, Étude rétrospective
Keywords : Addiction, Comorbidity, Crime, Violence, Schizophrenia, Forensic psychiatry, Retrospective study
Plan
☆ | Toute référence à cet article doit porter mention : Bègue C, Bouthier M. Mahé V. Rôle de l’usage de substances psycho-actives dans la commission d’infractions pénales par les sujets atteints de schizophrénie. Evol psychiatr 2020; 85 (2) : pages (pour la version imprimée) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique). |
Vol 85 - N° 2
P. 217-228 - mai 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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