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Discours de banalisation chez les personnes condamnées : de quelques aspects cliniques en contexte pénitentiaire - 07/05/20

Banalization discourse in sentenced persons: Some clinical aspects in the penitentiary context

Doi : 10.1016/j.evopsy.2020.01.007 
Julien Denans  : Psychologue clinicien, Docteur en psychopathologie
 Laboratoire LIRCES (EA-3159), UFR LASH, Campus Carlone, 98, boulevard Edouard-Herriot – BP 3209, 06204 Nice cedex 3, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

L’emploi de la terminologie de « banalisation » s’est largement répandu dans le contexte judiciaire et pénitentiaire, comme une manière descriptive pour le professionnel (conseiller pénitentiaire, psychologue, magistrat…) de rendre compte de l’écart entre un délit institutionnellement sanctionné et le regard qu’y pose la personne condamnée. Ainsi entendons-nous parler au quotidien de personnes sous main de justice qui « banalisent leurs actes », sans pour autant que cette banalisation recouvre une définition claire et une opérationnalité, apparaissant davantage comme une catégorie générale et parfois « fourre-tout ». Cet écrit se donne pour objectif d’interroger l’usage de la banalisation afin de lui donner une définition plus précise, en particulier en fonction de ses enjeux psychodynamiques.

Méthode

À partir d’une pratique de psychologue en service pénitentiaire d’insertion et de probation, s’appuyant sur un matériel clinique autour de discours de banalisation, nous proposons de développer certains aspects de tels ancrages discursifs qui se situent à la croisée du sujet singulier et de la référence sociale, ou qui interrogent encore la notion de mécanisme de défense. Un détour par les travaux de H. Arendt permettra, en outre, d’élargir le champ théorique aux catégories de l’activité de pensée, de la responsabilité individuelle, du rapport à l’institution et à la culture (interdit, droit, normes…), tout comme de poser la distinction entre banalité et banalisation.

Résultats

Le discours de banalisation témoigne pour le sujet d’enjeux psychodynamiques en termes de capacité de penser ses actes, de dialectiser sa responsabilité individuelle, de se situer dans un rapport d’altérité, lesquels enjeux sont aussi à appréhender dans leurs connexions sociales (règles de vivre ensemble, normatif, institué). Les discours de banalisation impliquent de ce point de vue le sujet comme sujet du langage et du lien social, incarné ici dans le contexte institutionnel judiciaire et pénitentiaire.

Discussion

Le discours de banalisation, à la condition d’être questionné en dehors de simples considérations morales ou de jugement, ouvre à une figure discursive complexe pour le professionnel, au vu des déterminismes psychodynamiques, des références au cadre symbolique institutionnel et de l’expression d’une pratique de langage au sein du lien social. La banalisation interroge, de ce point de vue, le sens de la peine et les dispositifs de probation mis en place autour de la responsabilisation de la personne sous main de justice.

Conclusions

La banalisation, au-delà de la personne qui banalise, renvoie à une vision clinique plus large en milieu pénitentiaire, dès lors qu’elle touche à la subjectivation de l’événement judiciaire, aux modalités d’inscription du sujet dans le lien social et à ce qui le régule, aux préoccupations empathiques, à la capacité à penser ses actes, au rapport au référentiel commun et ses impératifs de limites… En cela, la banalisation se pose comme une figure de langage qu’il s’agit d’appréhender au-delà de la simple description d’un écart de représentation.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Objectives

The use of the term “banalization” has become widespread in the judicial and penitentiary context, as a descriptive way for the professional (penitentiary counsellor, psychologist, magistrate, etc.) to account for the gap between an institutionally sanctioned offense and the convicted person's point of view. In this way, we hear in our daily lives about people in the criminal justice system who “banalize their actions.” However, this term lacks a clear definition and an operationality, appearing more as a general category and sometimes as a “catch-all.” This article aims to question the use of banalization in order to give it a more precise definition, in particular, regarding its psychodynamic stakes.

Method

Starting from a psychologist's practice in a penitentiary service of insertion and probation, and relying on clinical material around banalization discourse, we propose to develop some aspects of such discursive anchorages that are located at the crossroads of the singular subject and the social reference, or which question the notion of defense mechanism. A detour through the works of H. Arendt will also allow us to extend the theoretical field to categories of thought activity, individual responsibility, relationship to institution and culture (prohibition, law, norms, etc.), and will also illuminate the distinction between banality and banalization.

Results

Banalization discourse demonstrates, for the subject, the psychodynamic stakes in terms of the ability to think through ones actions, to dialecticize one's individual responsibility, and to situate oneself in a relationship with the other. There is, furthermore, a social dimension (rules of living together, normative, instituted) at stake. From this point of view, banalization discourse involves the subject as subject of language and of a social bond, incarnated here in the institutional judiciary and penitentiary context.

Discussion

The discourse of banalization, on the condition of being questioned outside of mere moral considerations or judgments, opens up a complex discursive figure for the professional, in light of psychodynamic determinisms, references to the institutional symbolic framework, and the expression of a language practice within the social bond. Banalization questions, from this point of view, the meaning of the sentence and the probation process put in place around the notion of the offender's accountability.

Conclusions

Banalization, beyond the person who minimizes her/his actions, refers to a wider clinical vision in a penitentiary environment, since it touches the subjectivation of the judicial event, the manner in which subjects are included in the social bond and what regulates it, their empathic preoccupations, their ability to conceptualize their actions, their relationship to a common reference point with its necessary limits… In this way, banalization emerges as a figure of language that must be considered in a way that goes beyond the mere description of a representation gap.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Banalisation, Discours, Institution pénitentiaire, Capacité de penser, Altérité, Responsabilité, Lien social

Keywords : Banalization, Discourse, Penitentiary institution, Capacity to think, Alterity, Responsibility, Social bond


Plan


 Toute référence à cet article doit porter mention : Denans J, Discours de banalisation chez les personnes condamnées : de quelques aspects cliniques en contexte pénitentiaire, Evol psychiatr 2020; 85 (2): pages (pour la version imprimée) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique).


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Vol 85 - N° 2

P. 229-238 - mai 2020 Retour au numéro
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